Je partais pour laisser un commentaire chez Nicolas J., qui parlait ce matin de la perspective des alliances entre le PS et le MoDem, de quand je me suis dit que la quesiton méritait un billet. Voici ce que disais le taulier de PMA :
Ces jours-ci on parle beaucoup du Modem. Il serait bon de le remettre à sa place. Il a recueilli moins de 4% des suffrages. Autant dire qu'il n'existe pas.
Le Parti Socialiste n'a pas pour vocation de sauver François Bayrou ou Marielle de Sarnez. Si le Modem se positionne dans l' opposition à l'UMP, on peut discuter. Quand il ne le fait pas : basta !
Les deux points sont parfaitement valables. Le PS est assez fort pour ne pas être obligé de faire la danse du ventre devant le MoDem ; une alliance avec le MoDem n'aurait de sens, à terme, que si ce Parti se prononçait plus clairement.
Dans ces conditions, on peut se poser la question de l'opportunité de l'appel de Ségolène Royal en faveur d'alliances "partout" avec le MoDem. Nicolas est assez sévère :
D'ailleurs Ségolène Royal semble avoir changé d'avis. Au moins, elle est fidèle à elle-même : on dit une connerie dans l'urgence et on rectifie le tir ensuite si ça ne passe pas.
L'épisode reprend presque mot pour mot le scénario de l'entre-deux-tours des législatives de 2007 : Royal qui téléphone à Bayrou, Hollande qui refuse les alliances. Est-ce encore de l'improvisation de la part de Ségolène Royal? Ne pèse-t-elle pas assez ses mots?
Je ne suis pas sûr. Voici ce que j'avais écrit lors des législatives :
Royal crée une nouvelle pression sur le MoDem, moins sur Bayrou que sur ses cadres, qui voient qu'il y a tout de même un peu de "soupe" à obtenir à gauche, et que la stratégie du "ni-ni" permanent risque de s'avérer nihiliste. Je ne connais pas assez bien les dynamiques internes du MoDem pour savoir à quel point ses nouvelles structures sont prêtes à tout sacrifier pour l'ambition présidentielle de son fondateur.
Ségolène Royal est consciente du poids de la soupe. Chaque fois que Ségolène Royal propose quelque chose au MoDem, François Bayrou doit à nouveau se prononcer. Les militants, les candidats locaux voient que ce sont encore eux qui doivent payer le prix de la grande stratégie centriste de leur chef, stratégie essentiellement présidentielle. De même, Ségolène Royal oblige, ou cherche à obliger, Bayrou de préciser davantage sa place sur l'échiquier politique : le refus des alliances à gauche signifie-t-il que le MoDem est trop à droite pour travailler avec le PS ? Alors il y a plus de pression sur les MoDemistes plutôt de gauche mais déçus par le PS. Et si Bayrou penche plutôt vers le PS, c'est tout benef pour Ségolène Royal dans ses combats internes au PS.
Sur ce dernier point, la stratégie de Royal est peut-être même cruciale, car malgré les sourires et les coups de fil, les MoDemistes de gauche sont aussi une cible électorale importante pour elle. Faire sortir Bayrou de son ambiguïté et lui arracher une partie du pouvoir "bobo" doit être un objectif non négligeable.