Soirée rock garage roots et retrouvailles ce vendredi soir à la Victoire 2. Les Pony Taylor, sur le point de donner un successeur à Eleven Safety Matches, jouent ce soir les support-bands de luxe pour l'une des révélations des Transmusicales de Rennes de 2009, j'ai nommé Slow Joe and The Ginger Accident.
Première surprise, la vaste Victoire ne sonne finalement pas si creux. Nos cinq avignonnais nous dévoilent ce soir quelques titres du nouvel album et sonnent moins poppy qu'à l'accoutumée. Mais peut-être est-ce du à un son parfois déficient sur les guitares qui rend l'ensemble inhabituellement noisy. Ce manque de brillant sur les parties mélodiques (voix, claviers et guitares) n'empêche pourtant pas le public de passer un bon moment. Les Pony y vont de leurs habituelles scies ("Married To Wigan", "You Are The Sailor", "Reed Richards"), mais rappellent qu'ils disposent aussi d'un répertoire assez riche dans lequel ils peuvent puiser ; c'est ainsi qu'il nous est donné de réécouter "Footprint On The Moon", l'un des morceaux phares de leur debut, lorsque le groupe se nommait encore The Strawberry Smell.
Du coup, ce parti-pris qui gagnerait à s'étendre -quid des "Balthazar", "Lovag's House Of Light" ou "Ire" ? - laisse pour une fois moins le champ aux reprises ; ah si, il y a l'habituel "Astronomy Domine" du Floyd qui ne rend pas vraiment justice à l'excellence live du groupe, pour les raisons de son évoquées plus haut.
Pour la première fois également Pony Taylor sous un light-show très cru limite aveuglant, a recours à des séquences enregistrées -c'est le cas sur l'intro de "You Are The Sailor" et d'une autre nouveauté ; est-ce que cela augurerait d'une nouvelle orientation musicale ?
Une heure de set jouée au taquet, fait toujours regretter l'absence de "Many Times" à la setlist (l'ont-ils déjà jouée live ?), mais nous fera guetter toujours plus avidement les futures productions Cosmic Groove, avec en sus la nouvelle livraison à venir de Cucumber, le projet annexe de Cyril.
"Reed Richards"
Tout le monde connaît maintenant la belle histoire de Joseph Rocha, hobo toxico rapatrié illico par Cédric de la Chapelle, musicien lyonnais en pèlerinage en Inde. Une voix aux accents tremolo, bluesy et crooner échappée d'un septuagénaire ruminant dans le caniveau, et il n'en fallait pas plus pour que l'axe Bombay- capitale des Gaules soit tracé. Oui Pierre, il y a un peu du syndrome Buena Vista Social Club là-dedans, mais notre petit indien à l'accent anglais irrésistible (surtout lorsqu'il nous parle un peu éméché en salle avant le concert) ne porte pas un costume trop grand pour lui.
Il est même plutôt étriqué ce costard blanc, qui avec le chapeau noir est sans doute partie prenante du "son" SJ&TGI, tout étant forcément un reliquat de la première vie du bonhomme. Caché et gesticulant derrière un pupitre, notre frontman atypique est redoutablement soutenu par un quatuor sans faille : Cédric donc, véritable initiateur du projet, ainsi qu'Alexis qui s'échangent les Gibson demi-caisse rutilantes au son lumineux, Josselin au swing souple et sobre, et Denis qui passe du Rhodes aux sonorités Farfisa sans coup férir.
Qu'il se fasse crooner ("Cover Me Over", "So Many Dreams"), voix de velours sur le stomp de "Just One Touch", qu'il joue au Screamin Lord Sutch de Bollywood ("Money Mama") ou qu'il avoue son addiction aux femmes sous fond de choeurs célestes de Cédric et Alexis ("Brunette Blonde"), le grand petit indien touche au coeur : voix impeccable, sens du rythme et esprit cabotin de rigueur !
A noter aussi, cette surprenante (autre) cover du Pink Floyd quasi première formule, ce long mantra entêtant de "Set The Controls For The Heart Of The Sun", habilement mis en musique par le quartet, et le long duquel le timbre ample et clair de Slow Joe donne sa pleine mesure.
Impossible en fermant les yeux se se dire que cet homme a déjà passé 68 printemps !
"Climbin' A Mountain"