Réfléxion sur l’humanisme.

Par Ananda

L’humanisme latin –celui qu’on doit à la Renaissance – idéalise l’Homme et le place au centre de l’Univers. Ce faisant, il nie farouchement ce qui peut le relier au reste de la nature, car il répugne à prendre en compte son animalité. En ce sens, il ne se différencie guère des traditions religieuses. Ces véritables œillères l’empêchent de prendre en compte l’être humain dans sa globalité, dans sa complexité. Il a été, pour l’Homme, une grande source de confiance en soi et d’affirmation. Sans lui, il n’y aurait sans doute pas eu un tel essor de la science.

Car en détachant l’Homme de la religion, l’esprit humaniste des Lumières l’a encouragé à accorder une valeur centrale à sa vie individuelle et en ses capacités. Mais, ce faisant, il a exacerbé en l’Homme l’esprit de conquête et la distanciation orgueilleuse d’avec la nature (avec, sur le plan environnemental, les tristes résultats qu’on connaît). Or, la science justement en fait un paradigme dépassé. Plus ça va, plus elle tend à nous aider à prendre conscience que nous ne sommes pas « à part » mais pleinement inclus dans la nature et le reste du monde qui nous entoure et que notre part « symbolique », intellectuelle n’est pas l’essence de ce qui nous caractérise.

Ce qu’il nous faudrait à présent, en somme, c’est un « post-humanisme ».

L’éducation humaniste européenne est devenue obsolète. Elle est tronquée et, à elle seule, n’embrasse pas la nature de l’Homme. Tout ramener au langage, au symbole est extrêmement réducteur.

Mais il faut compter, aussi, avec la crainte de dérives déshumanisantes, telles que le nazisme, qui a (à raison) profondément marqué l’Europe. Alors, soyez un tenant du symbolisme pur et dur, et vous êtes « de gauche » ; soyez, en revanche, un « partisan » de l’animal-Homme et vous devenez à tout coup un « conservateur » à tendance « droitière ». Il est lamentable que ce genre de débat se trouve caviardé par la politique. On devrait d’abord se soucier de l’intérêt des Hommes et de celui de la connaissance…

Un jour - dans pas longtemps – des spécialistes de l’éthologie humaine, des psychologues scientifiques et des neurologues auront mis au point des méthodes de rééducation cérébrale toutes nouvelles et très efficaces. Elles pourront s’appliquer à divers troubles du comportement qui non seulement pèsent sur la vie de certains individus, mais encore peuvent présenter de réels dangers pour leurs congénères (la psychopathie par exemple). Elles sont la preuve que, loin d’être un dogme, la science avance toujours.

On se demande qui est le plus conservateur, de ceux qui la font avancer de cette sorte ou des bobos rivés à la défense des idées de « névrose » et d’ « inconscient » psychanalytique !

P.L