Ce Week-end à Villepinte, c'était un peu l'Empire contre-attaque. Depuis sa soucoupe volante blanche, Nicolas Sarkozy en Dark Vador en miniature, a lancé une offensive désespérée contre François Hollande. Villepinte restera dans les mémoires pour avoir offert l'image d'un concentré du Sarkozysme : la foule, la force, le fric et le FN.
Sarko-Le Pen c'est même combat et mêmes dégâts. Un populisme à tous crins et le recours incessant aux boucs émissaires : l'Europe, les étrangers, les élites. Haro sur les trois en même temps dans un rassemblement trop soigné, trop épuré pour être parfaitement honnête. Au-delà des plus de trois millions d'euros dépensés, il se dégage des images un véritable malaise. Ces grands rassemblements qui célèbrent le chef tout puissant rappellent de bien mauvais souvenirs. Tout autant que la violence permanente inhérente au Sarkozysme : verbale, physique, législative. Fort avec les faibles mais faible avec les forts.
Dans son parcours en boule de billard qui rebondit sans aucun scrupule d'une bande à l'autre, le Chef de l'Etat s'est choisi une nouvelle victime : l'Europe. Ou plutôt l'Europe des étrangers. Dans ce Le Pen revisité, Sarkozy tente de faire oublier qu'il incarne avec Angela Merkel, le directoire totalement anti-démocratique de l'UE.
Ne retenir aujourd'hui de l'Union Européenne que sa faiblesse à nous protéger des menaces extérieures, l'Islam et ces hordes d'étrangers prêts à nous envahir, permet de s'exonérer de la réalité. L'Europe des peuples dont parle Sarkozy c'est pourtant très concrètement celle de l'austérité généralisée pour ceux d'en bas et des cadeaux fiscaux pour ceux d'en haut.
Sarko et ses amis qui se font les chantres des droits et des devoirs pour les assistés et les jeunes des quartiers n'ont pas le même langage lorsqu'il s'agit de fiscalité. Or la République c'est bien entendu le droit d'être riche mais c'est aussi le devoir de payer des impôts, de contribuer en fonction de ses moyens. Il y a certes les voyous des quartiers qu'il faut combattre mais les exilés fiscaux, généreux donateurs de l'UMP, présentent le même niveau d'incivilité.
Fidèle à sa façon de faire, Sarkozy a pratiqué à Villepinte la technique du coucou. Mais, à la différence de son début de mandat, il n'emprunte plus à la gauche ses Jaurès et Guy Môquet. Il prend tout à droite, à l'extrême droite. Notamment son populisme ravageur car la seule chose qui compte aujourd'hui à ses yeux, c'est de conserver son pouvoir. Quitte à tenter de gagner honteusement plutôt que de risquer de perdre dignement.
La dignité n'appartient plus il est vrai à son vocabulaire, lui qui a ravalé la fonction de président de tous les Français à celle de petit caïd, de chef de clan. Finalement, ce qu'il y aura eu d'extraordinaire avec le président actuel c'est que tout au long de son mandat, dans ces cinq années d'abaissement national, là où on croyait toucher le fond, Sarkozy aura réussi à démontrer qu'on peut encore descendre plus bas.