Par exemple
le mot rose et le mot vase l’un décolore ses voisins
et l’autre de quel genre est-il deux mots étranges la fleur
verbale sans parfum ni fane et le porte-bouquet l’urne
pour une eau mise à vieillir deux mots usés plus
qu’étranges deux mots plus secs que la côte d’Adam sans
descendance deux mots qui courent les bouches
perdent leurs épines leurs odeurs qui oserait les offrir
et à qui
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Reprenons
on a beau répéter rose insister sur la couleur comme
on boit un verre de lait grenadine rien ne restera sur la
langue le mot se fout bien du rosier c’est la mémoire qui
respire l’absence fraîche en souvenir du prénom Rose
d’une morte d’une photo noir et blanc d’un souvenir
qui craint le temps empâte le gris rien qu’un marbre
à la fin d’une allée cimentée sous un bouquet de poussière
rose
Marcel Migozzi, A la Fenêtre sans rideaux, Éditions de l’Atlantique, 2012, pp. 27 et 28
Marcel Migozzi dans Poezibao :
Bio-bibliographie, Vers les fermes, ça fume encore (parution), extrait 1, un article de M. Monte, ext. 2, Cité aux entrailles sans fruits (par F. Trocmé)
Quelques notes sur une lecture de ce livre