Quelques précisions et rectifications sur l'installation de l'exposition Vincent van Gogh 6 cité Pigalle

Par Bernard Vassor

Par Bernard Vassor

ZoBuBUGa

D'après un document qui m'avait été donné par le Van Gogh muséum, il est fait état d'un compromis de bail signé le 2 août 1890, soit trois jours après l'enterrement de Vincent à Auvers :

"Il a été dit fait et arrêté ce qui suit: Mr. Mironde fait par ces présentes, bail et donne à loyer à Mr.Van Gogh, qui accepte pour trois, six ou neuf années à la volonté réciproque des parties commençant le premier octobre, mille huit cent quatre-vingt dix;  à la charge par celle des parties qui voudra faire cesser le présent bail, de prévenir six mois d´avance de l´expiration de chaque période" (....) 

"D´un appartement sis au 1er étage à gauche, numéro 6 Cité Pigalle et composé d´uneantichambre, salle à manger, salon, chambre à coucher, cabinets noirs, cuisine, aisance, cave."

Ce bail fut signé le 27 octobre 1890, avec la clause suivante :

"Fait double et de bonne foi à Paris le 2 août, mille huit cent quatrevingt dix

En cas de décès de Monsieur ou Madame Van Gogh le bail pourra être résilié.

Lu et approuvé

P. Mironde

T van Gogh

27 octobre 1890"

Le nommé P.Mironde était le mandataire de monsieur Brock, propriétaire des 6 et 8 cité Pigalle demeurant 73 rue Pigalle. 

...............

L'intention première avait été de pouvoir réunir et d'accrocher les toiles de son frère en attendant d'organiser une exposition dans une galerie (chez Georges Petit rue de Sèze qui après avoir accepté se desista)

En septembre il avait écrit à sa soeur Will que ses problèmes de santé étaient révolus. Les gouttes que lui avaient donnés le docteur Ter Mate (?)"m'ont rendu si malade que je serai devenu fou. Elle m'ont aidé à m'anesthésier la nuit si bien que je ne toussais plus, mais elles me donnaient nuit et jour des cauchemars et des allucinations, ce qui fait que si je n'avais pas arrêté, j'aurai sauté par la fenêtre ou je me serai suicidé d'une manière ou d'une autre" 

L'occupation de l'appartement si elle eut lieu le 27 octobre (? ) fut de toutes façons de très brève durée. Le 3 octobre,  Théo fit un voyage en Hollande avec Johanna et son fils. Le 6 octobre,il s'effondra "moralement et physiquement" d'après son beau-frère. Il était de retour à Paris le 16 du même mois.

La toute première exposition des toiles de Vincent envisagée par son frère fut organisée non pas comme il est dit dans l'article chez le père Tanguy, mais dans un appartement que Théo avait loué, 6 cité Pigalle au premier étage, son logement du 8 de la même cité étant trop petit. C'est avec l'aide d'Emile Bernard que l'accrochage avait été organisé. Nous n'avons pour le moment peu d'informations sur la date la durée et la fréquentation de cette exposition et si vraiment elle se tint bien cité Pigalle ? Ce qui, compte tenu des dates indiquées dans le bail semble peu probable. Le 12 octobre, Théo fut admis  à la maison de santé Dubois rue du faubourg Saint-Denis, mais devant la gravité de la situation, on le transféra dans la clinique du docteur Meuriot 17 rue Berton. Théo était atteint de démentia paralytica, le stade ultime de la syphilis. Le 28 ocotre Théo fut conduit dans une clinique d'Utrecht, où il eut une douloureuse agonie qui prit fin le 25 janvier. Julien Leclercq était à l'origine, avec Alfred Valette de la fondation du "Mercure de France" l'année précédente. .......   ................ C'est à Georges Albert Aurier que nous devons le premier article publié en France sur l'oeuvre de Vincent. Paru en janvier 1890, cet article perturbe Vincent qui va prier son frère de demander avec insistance à Aurier de ne plus écrie d'articles sur sa peinture. Mais pour le remercier tout de même il lui fait donner une étude de Cyprès qui fut exposée au salon des Indépendants de 1890. La première rencontre d'Aurier et de Vincent eut liueu chez Théo 8 cité Pigalle quelques jours avant le suicide de Vincent à Auver-sur-Oise. Dans deux lettres à Emile Bernard, il donne des nouvelles du monde de l'art parisien. La première datée du 30 juin 1890 : "Van Gogh (Théo) a fait une exposition Raffaelli (..) je n'ai pas vu Gauguin depuis deux siècles". Dans la deuxième lettre est relative à la mort de Vincent : "Théodore Van Gogh m'écrit et me parle de l'exposition des oeuvres de son frère qu'il a l'intention d'organiser chez Durand-Ruel" Nous savons qu'après bien des tergiversations, celui-ci refusa. C'est donc 6 cité Pigalle dans un appartement loué pour l'occasion que devait se tenir la première exposition mondiale Vincent Van Gogh (si toutefois elle eut bien lieu ?) ..............   . Agé de vingt sept ans, Aurier est mort de la fièvre typhoïde. Gauguin toujours aussi égocentrique se désola : "Aurier est mort,. Nous avons décidément de la déveine. Van Gogh (Théo, pas Vincent !), puis Aurier, le seul critique qui nous soit favorable et qui un jour aurait été utile"