Félixeries…

Publié le 11 mars 2012 par Lawrence Desrosiers
On parle de l'angoisse des auteurs devant la page blanche. Si on parlait de celle de la page blanche quand les auteurs dévissent leur plume!
Conversation d'enfant.— Et tu es venu comment?— À cheval sur un aigle. J'ai fait deux mille milles.— Et tu es riche?— J'ai trois cents maisons.— Que viens-tu faire ici?— Mettre ton frère dans une bouteille, celui qui grandit trop vite.— C'est à toi ce grand bateau blanc là-bas?— Oui, j'en ai dix comme celui-là. Mais je préfère voyager sur mon aigle.— Où habites-tu?—Dans la lune. Tu la veux? Je te la rapporterai cette nuit.Elle enfourche un balai et s'en va chez elle par le chemin des vaches.Et l'autre enfant a bien hâte à ce soir.
« Tu ne sais pas voler, tu vas tomber, tu es maladroit, l'air n'est pas pour toi, balourd, n'a-t-on cessé de lui crier. » Et l'oiseau eut peur. Il n'a pas osé. Il est resté sur terre tristement. Et il a haï l'azur et il n'a jamais vu les hauteurs. On l'appelle pingouin.
Félix Leclerc, Le calepin d'un flâneur
Lo x