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Exposition et livre

Par Autourdupuits
Vous dire que j'ai une prédilection pour la période Impressionniste vous surprendrai-il?
Je ne le pense pas.
Vous dire que j'ai déjà vu l'exposition consacrée à Berthe Morisot vous surprendrait-il?
Je ne le pense pas.
Vous dire que certaines ici ou ailleurs vous content leurs visites d'exposition beaucoup mieux que moi vous surprendrait-il?
Je ne le pense pas.
Bon et alors?
Voila c'est ce que vous vous dites in petto.
Je retournais dans ma tête depuis que j'ai vu cette exposition comment vous en parler,imaginez près de cent cinquante tableaux lorsque hier je trouvais la solution.
J'avais il y a quelques temps en faisant des recherches sur Mallarmé lu des extraits du Journal de Julie Manet.
J'avais été charmée par le style simple de ce journal dans l'esprit de ce qu'en  écrivait Berthe Morisot à sa soeur Edma en 1884:
" C'est une heureuse idée d'écrire journellement sa pensée,rien ne forme davantage le style.Et n'entends pas par là l'habitude de bien tourner ses phrases mais de chercher à exprimer sa pensée.Il me semble même qu'on devrait être très indulgent,accepter toutes les incorrections pourvu que le sentiment fût vrai,les idées individuelles"
J'ai essayé de me le procurer j'ai cherché sur internet les prix affichés me faisant réfléchir.
Et puis samedi me rendant chez un marchand de livres d'art chez lequel je rêve souvent,espérant y trouver le catalogue de l'exposition Berthe Morisot à Lodève en 2006,que vois-je qui me tendait les bras en vitrine?
EXPOSITION ET LIVRE
Le libraire l'avait "rentré" le matin!
Le prix étant "convenable" je ne pouvais résister.
C'est un pur bonheur,agrémenté d'illustrations
EXPOSITION ET LIVRE
EXPOSITION ET LIVRE
 et de photos anciennes.
EXPOSITION ET LIVRE
Vous imaginez à quoi j'ai consacré ma soirée de samedi...
En date du 4 mars 1896 ,treize pages retracent  la rétrospective Berthe Morisot chez Durand-Ruel,organisée par Monet,Renoir ,Degas et Mallarmé.
"Nous pensons avec M. Renoir que M. Mallarmé fera une très jolie préface au catalogue,que lui,mieux que personne,pourra parler surtout de la vie de la  femme qu'était maman"

C'est à travers Julie Manet que je vais vous parler de temps en temps de cette exposition consacrée à  Berthe Morisot.
Ponctuée parfois d'anecdotes comme celle-ci:
"A la fin de la journée on se demande comment tout sera prêt pour le lendemain et on prend rendez-vous pour le matin; mais  il faut décider si on mettra le paravent avec les dessins et les aquarelles au milieu de la grande salle ou dans celle du fond.
M. Degas est le seul à vouloir que le paravent reste dans la grande salle qu'il coupe et on manque de recul pour voir les grands tableaux...et puis d'autres plus petits qui sont d'une si jolie harmonie de ton à voir de loin les uns à côté des autres.M. Degas ne veut pas entendre parler d'ensemble:"Il n'y a pas d'ensemble,dit-il ce sont les imbéciles qui voient un ensemble;qu'est ce que ça veut dire quand on met dans un journal:l'impression générale du Salon de cette année est bien meilleure que celle de la précédente?"
Vers six heures,lorsque la nuit tombe que seuls les tableaux gardent quelques rayons de lumière qui les éclaire,que tous ces portraits de jeunes filles sont de plus en plus vivants et que le paravent paraît encore plus une muraille,M.Monet demande à M.Degas de vouloir bien essayer demain matin ce fameux paravent dans  la salle du fond,mais M.Degas prétend qu'on ne verra plus les dessins qui seront dessus""Ces dessins sont superbes je les estime autant que tous ces tableaux.""Le paravent dans la salle des dessins donne un air intime à cette pièce qui est charmant"dit M.Mallarmé." Cela déroutera le public de voir les dessins au milieu de la peinture""Est-ce que je m'occupe du public?Il n'y voit rien,c'est pour moi,pour vous que nous faisons cette exposition,vous ne voulez pas apprendre au public à voir?" crie M.Degas"Eh bien si,réplique M.Monet,nous voulons essayer.Si nous faisions cette exposition uniquement pour nous,ce ne serait pas la peine d'accrocher tous ces tableaux nous pourrions les regarder simplement par terre."Pendant cette discussion M.Renoir nous dit qu'il lui faut le pouf au milieu de la salle;il est en effet agréable de pouvoir s'asseoir et regarder.M.Degas ne l'admet pas:"Je resterais treize heures de suite sur les pieds
 s'il le fallait ."Il fait nuit,tout en parlant M.Degas marche de travers,va et vient avec son grand manteau à pèlerine et son chapeau haut-de-forme,sa silhouette est très amusante;M.Monet debout parle fort,M.Mallarmé avançant une main veut arranger les choses et parle avec la douceur qui lui est habituelle.M.Renoir éreinté est échoué sur une chaise.Les hommes de Durand-Ruel rient,"Il ne lâchera pas",disent-ils..."Vous voulez me faire enlever ce paravent que j'adore"dit M.Degas en appuyant sur le dernier mot .
"Nous adorons Mme Manet reprend M.Monet,il ne s'agit pas d'un paravent mais de l'exposition de Mme Manet.Voyons dites que nous essaierons demain le paravent dans l'autre salle." "Si vous m'assurez que c'est votre opinion,que cette pièce est mieux sans." "Oui c'est mon opinion." Mais ce n'est pas fini  les discussions recommencent;tout à coup M.Degas nous tend la main à Jeannie et à moi et s'en va vers la porte;Monet le retient et ils se donnent des poignées de main;M.Mallarmé hasarde le mot de pouf,alors comme un coup de foudre M.Degas s'en va en courant dans le petit couloir,la porte se referme,il est parti,on se quitte un peu ahuri."
J'arrive à neuf heures chez Durand-Ruel,il n'y a que les hommes qui balaient les salles.Je reprends mon travail de numérotage des tableaux;puis M.Monet et M.Renoir ne tardent pas à être là "Degas ne viendra pas,dit M.Renoir,il sera là dans la journée à clouer au haut d'une échelle et dira:ne pourrait-on pas mettre une corde à la porte pour empêcher d'entrer,je le connais."En effet,pas de  M.Degas de toute la matinée.On se décide à mettre le paravent dans la salle du  fond et on accroche les aquarelles et les dessins dessus.Enfin tout est prêt et admirablement arrangé,cette exposition est une merveille.

J'espère que cela ne vous a pas semblé trop long mais je ne suis pas arrivée à me résoudre à couper ce texte.
Je voudrais tout de même avant de fermer cette longue page vous montrer un des tableaux que j'ai beaucoup aimés
EXPOSITION ET LIVRE
La Fable "Dans le jardin de Bougival,Pasie en bleu clair assise sur un banc,un panier à ouvrage à côté d'elle ,et devant,assise sur un pliant sur le fond de fleurs Bibi de dos avec sa tête blonde;ce tableau est une merveille,celui-là aussi était roulé et caché dans une armoire."
Julie Manet (1878-1966) fille de Berthe Morisot (1841-1895) et Eugène Manet( 1834-1892) (frère d'Edouard Manet) Jeannie Gobillard (1877-1970),fille de Yves Morisot (la soeur de Berthe Morisot) et Théodore Gobillard. Elle épousera Paul Valéry. Bibi était le surnom que donnait Berthe Morisot à sa fille Julie
Julie,orpheline a 17 ans et  ses deux cousines Jeannie et Paule également orphelines vivront seules avec une cuisinière recommandée par Mallarmé (tuteur de Julie) au 40 de la rue Villejust à Paris aujourd'hui rue Paul Valéry 

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