Pierre, donc, le personnage principal du livre de Pierre Lamalattie, oriente les jeunes gens à temps partiel et occupe une autre fraction de sa vie dans un ministère où il rencontre les employés et les patrons d'entreprises qui vont mal. A mi-temps il peint. Cette activité se développe au point qu'il envisage de s'y consacret et demande un congé pour le faire. Au début du roman, on a accepté son projet d'exposer dans une église 101 portraits. A la fin du roman, il y a le vernissage de son travail.
Entre les deux, on trouve des descriptions hilarantes et angoissantes de ses milieux professionnels et des langages managerials qui leur donnent une forme et s'imposent comme une sorte de nouveau fascisme soft, fascisme étant entendu ici au sens de modèles de comportements imposés à tous, sans qu'il soit possible de se mettre à l'extérieur.
Un nouveau responsable arrive et prend dans sa ligne de mire les employés qui lui déplaisent et qu'il fait craquer les uns après les autres. Une jeune cadre s'impose en maîtrisant mieux que tous les codes et en les utilisant avec virtuosité...
Un autre fil rouge du livre suit la mère du narrateur, réfugiée d'abord dans un asile de province, qui tente d'abord une résistance vitale contre la déresponsabilisation programmée, puis décline et meurt.
Le narrateur trouve dans ces scènes des personnages à peindre, qui vont lui servir de modèle pour ses 101 tableaux, qu'il agrémente de brefs curriculum vitae irrésistibles. Exemples:
Jeanne-Marie,
Quand elle était jeune,
elle militait pour la libération sexuelle,
maintenant, elle combat
pour le respect de la dignité de la femme.
Ou
Jonas
A 21 ans il était pourtant très gentil...
Ce sont ces portraits qui donnent au livre une dimension supérieure, et justifient l'ensemble du texte. Des portraits réellement peints par Lamalattie, qu'on peut trouver dans un livre publié par le même éditeur.
Pierre Lamalattie, 121 curriculum vitae pour un tombeau, L’Éditeur