Comme je prends à cœur mon activité sur ce blog et que je n’ai pas écrit de critique cinéma depuis plusieurs semaines, la mauvaise conscience commençait à me gagner. J’avais déjà laissé passer successivement David Foenkinos, Clint Eastwood et Margaret Thatcher et mon malaise allait grandissant …
Jusqu’à ce lundi matin où je me suis réveillée pleine de remords et de bonne volonté en m’écriant : “Il faut que j’aille au cinéma !!!”
Je me suis donc précipitée sur l’Officiel des Spectacles, bien décidée à aller voir n’importe quoi.
J’avais lu une assez bonne critique de Detachment de Tony Kaye – un film sur “l’échec du système éducatif” (dixit l’Officiel des Spectacles), ce qui à priori m’intéresse beaucoup. En plus j’aime bien Adrian Brody. Tout cela semblait me convenir.
J’y suis donc allée, confiante.
Bon. Dès le premier quart d’heure on comprend que le réalisateur a voulu nous faire un film-coup-de-poing. C’est du lourd. Il y a des films qui se laissent regarder, d’autres qui vous emportent, celui-ci est plutôt du genre qu’il faut subir. On nous inflige même à un moment l’image du corps flasque et déformé d’une vieille dame toute nue assise aux toilettes. Ça n’a rien à faire dans l’histoire mais c’est le bon plaisir du réalisateur de nous le montrer, alors puisqu’on est là pour encaisser on encaisse.
D’accord, la forme est brutale mais le fond va sûrement être intéressant ? Eh non, pas du tout.
D’ailleurs je me dis que dans ce genre de film, l’agressivité de la forme est faite pour anesthésier l’esprit critique du spectateur : une fois qu’on l’a à moitié assommé on peut lui faire rentrer dans le crâne n’importe quel message (nauséabond de préférence).
J’en viens à l’histoire :
Le personnage d’Adrian Brody est un professeur d’anglais remplaçant qui vient prendre un nouveau poste dans un lycée difficile et qui découvre rapidement l’ampleur du désastre. Les élèves sont pour la plupart des monstres débiles, à la violence complètement gratuite. Ce ne sont pas des adolescents révoltés, ce sont des psychopathes. Ont-ils des problèmes sociaux, familiaux, culturels ? On ne le saura pas. Ici on n’est pas chez François Bégaudeau : on est dans un film américain bien lourd donc on ne se pose pas ce type de question.
Quant au personnage d’Adrian Brody c’est le Christ, rien de moins. Il pleure dans l’autobus sur les vices de ce monde. Il lui suffit d’une bonne parole pour arrêter la violence. S’il amène une prostituée chez lui c’est pour lui préparer un sandwich et lui laisser la chambre d’amis. Son visage pur et émacié n’exprime jamais que la douceur et la miséricorde. Le Christ, je vous dis !
Et me voilà embarquée dans un de ces navets américains sur la lutte du Bien contre le Mal (ou de la Vertu contre le Vice si vous préférez).
Au bout de trois quarts d’heure j’en ai eu marre d’être prise pour une abrutie et je suis partie.
Et maintenant j’aimerais dire : vive la littérature.