Après une interview d’éditeurs manga (Ki-oon et Kazé Manga), je voulais donner la parole à un autre acteur du marché du manga : le libraire. Sam Souibgui, le patron de la librairie populaire Komikku, s’est livré à cet exercice.
Au programme… Le métier de libraire et son évolution, son œil sur le marché du manga et les attentes du public mais aussi ses fameuses rencontres avec les auteurs, les bentos, et ses titres coups de cœur !
C’est parti pour une interview longue et passionnante… Si vous êtes comme moi, vous apprendrez plein de choses !
Bonjour Sam… Pour commencer est-ce que tu peux nous présenter ton parcours qui t’a conduis à ouvrir une libraire spécialisée dans le manga ?
Autodidacte, j’ai, dès mes 18 ans, conquis le milieu du travail et appris tout ce que je sais sur le tas. Un seul mot d’ordre : La passion !
Après avoir fait mes armes dans l’industrie du jeu vidéo, d’abord en tant que journaliste dans les magazines spécialisés, je me suis ensuite dirigé vers la production de jeux vidéo, puis le marketing stratégique et la communication chez Ubisoft. Une volonté de fer, un peu de chance, des opportunités saisies aux bons moments et cinq ans d’expatriation en Amérique du Nord ont forgé mon côté entrepreneur !
Mon retour en France devait symboliser un nouveau départ.
Le Japon a toujours été le fil conducteur dans ma carrière. Travailler dans l’industrie du jeu vidéo m’a permis d’avoir la chance de partir à plusieurs reprises au Japon. Coup de foudre immédiat, dès mon premier jour à Tokyo et une envie irrésistible d’y retourner chaque année, comme un manque à combler.
Et puis je pense que naturellement, depuis notre enfance, les personnes de ma génération ont développé une sensibilité au style graphique japonais et à leur façon de raconter des histoires. C’est sans doute l’effet “génération Dorothée » qui y a fortement contribué. À vrai dire, j’ai toujours été proche du milieu des divertissements japonais. J’ai toujours eu au fond de moi un côté « entrepreneur » et Komikku s’inscrit parfaitement dans le développement logique à la fois de ce que j’aime et de ce que j’ai envie de faire.
Ensuite est-ce que tu pourrais nous présenter rapidement Komikku et ses spécificités ?
Sonia, ma petite sœur avec qui je me suis lancé dans cette grande aventure, œuvrait depuis presque dix ans dans les métiers du livre et de la librairie. Toujours sur la même longueur d’onde, nous nous révélons être très complémentaires. Alors que je possède plutôt une expertise en gestion, management et marketing, Sonia se démarque par une forte connaissance du marché de la BD étrangère introduite en France et sa clientèle.
Nous avons bien compris que le public manga est en train d’évoluer.
Komikku se positionne comme une librairie axée manga, bien sur, mais aussi axée culture japonaise. Les produits dérivés que nous proposons ne sont pas des figurines des héros de manga, mais plutôt des objets utiles comme les boites à bentō et tous les accessoires bentō. Un marché sur lequel nous faisons office de pionner et qui nous vaut aujourd’hui d’être considéré comme une référence en France. Komikku propose aussi un large choix en littérature japonaise, livres de cuisine, de couture, ou autres aspects de la culture nipponne. Et, naturellement, notre cœur de cible s’est positionné autour des 25-40 ans ! Pari réussi !
Les comportements du public ont aussi évolué. Maintenant, tout le monde est sur internet et le marketing viral est important. Ainsi, Komikku anime chaque jour un blog, des pages Facebook et Twitter. Et dans cette même dynamique, nous ne cessons de multiplier les événements, les rencontres avec des auteurs ou des acteurs majeurs du marché, les séances de dédicaces et expositions… Komikku est une librairie en perpétuel mouvement.
Pour en finir avec les présentations, tes mangas préférés ?
Mais je me retrouve aussi dans des titres un peu plus action comme Vinland Saga ou Jusqu’à ce que la mort nous sépare.
Le seinen se développe beaucoup et j’attends avec beaucoup d’impatience des titres comme : Thermae Romae, Prophecy, Billy Bat, Seven Shakespeare …
Passons maintenant aux librairies de manga… Pour commencer quel est ton bilan pour l’année 2011 ?
Notre bilan pour 2011 est positif, puisque nous terminons l’année avec un CA (chiffre d’affaire) en progression d’un peu plus de 13% sur le segment livre. Nous mettons beaucoup d’énergie dans notre librairie et ça nous fait plaisir de voir que ces efforts ne sont pas vains !
Et dans un contexte économique un peu tendu, ces chiffres nous font plaisir.
Ceci dit, on n’arrête pas de nous dire que le marché du manga n’est pas en super forme. Sur 2011, Il afficherait un recul d’un peu plus de 1% en volume et une légère progression en valeur de 1,8%. Moi, j’aurais plutôt tendance à dire qu’il faut arrêter de s’alarmer et que le marché est globalement assez stable. En France, chaque année, il se vend environ 14/15 millions de manga et ce depuis plusieurs années !
Alors, oui ! Quand il y a un Naruto de moins que l’année précédente ou qu’un autre hit comme Fullmetal Alchemist est arrivé à sa conclusion, on peut constater un creux dans les ventes au global. Mais ce que je note, c’est que quelques éditeurs ont enfin compris qu’il faut arrêter de tourner en rond, il faut élargir le spectre de lecteurs puisque le lectorat vieilli … Et en parallèle, il faut préparer la relève. On y reviendra plus tard, mais il y a beaucoup de titres, sortis en 2011, qui ont permis de maintenir le marché à un niveau stable malgré la présence de moins de blockbusters.
Chez Komikku, nous avons anticipé cette problématique dès nos débuts et c’est pour cela que l’on continue d’afficher des chiffres en progression et d’intéresser les éditeurs qui cherchent à comprendre pourquoi certains titres fonctionnent particulièrement bien chez nous et moins bien ailleurs.
Combien as-tu vendu de manga cette année ?
Chez Komikku, nous avons vendu en 2011 à peu près 2500 volumes par mois ce qui fait un total d’environ 30 000 sur l’année.
En termes de nouveautés quels ont été les best-seller et les bides cette année ?
Pour les nouvelles séries comme Les Vacances de Jésus et Bouddha, JUDGE, Bride Stories, BeyBlade, Pokémon noir & blanc, GTO Shonan 14 Days, Hideout et Beelzebub les lecteurs étaient au rendez-vous et les bons chiffres affichés par ces séries ont contribué à une re-dynamisation du marché. Et des séries comme Chi – Une vie de chat, ou PLUTO, sorties en 2010, se sont maintenues et ont continué de bien se vendre.
Ce qui est triste, c’est que la liste des bides pourrait être longue, vraiment très longue. De tête, je pense à des séries publiées par Soleil comme Gakuen Ouji – Playboy Academy, Sora Log, Seed of Love… Mais aussi à Dolls ou Full Moon chez Kazé, Stardust Wink, Honey Blood, All Rounder Meguru chez Panini, Enma et Kongoh Bancho chez Kana, Drifters, Akaboshi, Crimson Hero, Seiyuka chez Tonkam, Mixim chez Glénat ou encore Soil et Hitman – Part-time Killer chez Ankama.
C’est triste… Et encore cette liste est bien courte. Imaginez que sur 130 mangas sortis par mois, peu de titres se démarquent vraiment…
Le marché du manga est tenu, en termes de vente, par une dizaine de blockbusters… C’est pareil chez toi ?
Quand un client passe notre porte, on ne lui laisse pas avoir la sensation d’immense solitude face à une table qui croule sous les nouveautés. Ainsi, quasi-systématiquement, nous mettons en place une formule de « profilage » qui nous permet de déterminer quels types de titres peuvent plaire en fonction des goûts et des lectures passées. Formule qui fonctionne car, du coup, nos clients suivent des séries qui leur plaisent et qu’ils n’auraient jamais découvert sans nos conseils.
Je dirai donc que chez nous, grâce à notre spécificité, nos ventes sont tenues par une trentaine de séries différentes.
Il faut aussi savoir que tous les titres qui sortent en France, passe par Komikku ! Même si le marché est saturé, nous avons pris le parti de donner sa chance à chaque titre !
Est-ce que tu sais si tes acheteurs de manga lisent beaucoup de scans ?
Oui, malheureusement il y en a beaucoup. Sur des séries comme « Bleach » par exemple, les ventes ont été divisées par deux sur les deux dernières années et beaucoup de nos clients nous indiquent que pour des séries devenues « moyennes » sur la longueur, ils ne préfèrent plus les acheter. Mais paradoxalement, ils veulent quand même continuer la série puisqu’ils la suivent en scans…
Après, une infime partie des clients lisant des scans, continuent d’acheter le tome lorsqu’il sort en français. Ce sont de vrais fans, qui veulent avoir l’objet.
Ce qui est le plus effrayant, en fait, c’est pour les animés. Les enfants les suivent tous sur internet et souvent avec l’accord des parents qui ne voient pas où est le mal… Mais c’est un autre débat ;)
Dans le prix d’un manga combien revient au libraire ?
C’est en moyenne 37% du prix Hors Taxes du livre qui revient au libraire. Par exemple sur un titre à 6,90 euros, il y a 0,36 cts de TVA à 5,5% (pour le moment) qui vont directement à l’État, et 2,42 euros pour le libraire.
Sur un titre comme « One Piece », nous vendons environ 80 exemplaires par tome. Alors qu’en France il se vend au total plus de 100 000 exemplaires. L’auteur bénéficie d’un effet « volume » sur son titre et peut ainsi se contenter d’un pourcentage plus modeste. C’est comme pour de l’achat en gros, puisque la quantité est au rendez-vous, on peut réduire ses marges.
Cette part peu paraitre importante si on la compare à celle de l’auteur mais pour que le public se rende mieux compte, combien de manga dois tu réussir à vendre pour faire tourner ta boutique ?
Le libraire a effectivement la plus grosse part dans la vente du livre puisqu’il est « voué » à n’en vendre qu’à un public restreint. Une librairie par définition est souvent un lieu de quartier. Et le nombre potentiel de clients n’est situé que dans sa zone de chalandise, alors que pour un éditeur ou un auteur, la zone de « chalandise » (fréquentée par les clients) se démultiplie grâce au nombre de points de ventes sur tout le territoire.
Si nous ne vendions que du manga, il faudrait qu’on vende environ 5000 manga par mois pour pouvoir continuer d’exister. Ce chiffre diminuera lorsque nous aurons totalement remboursé notre prêt bancaire qui nous a permis d’ouvrir dans nos locaux du 1er arrondissement de Paris.
Ces 2,42 euros par manga permettent de payer les salaires des employés et leurs charges (Komikku est ouvert 7 jours / 7 avec une large amplitude horaire, cela fait donc 4 employés pour respecter les durées de travail à 35h / semaine), le téléphone et la connexion internet, l’hébergement du site et du blog de Komikku, l’électricité, le loyer du local, l’assurance du local, les sacs plastiques que nous distribuons (plus de 4000 euros en sacs par an !), l’abonnement au fichier du livre et la maintenance de notre matériel informatique, les frais de comptabilité et les taxes (qui remplacent la taxe professionnelle), les participations aux frais de ports pour la livraison des livres et le retour des invendus, les frais bancaires (là aussi + de 5000 euros par an pour les paiements par CB et les frais de gestion du compte et autres)…
Finalement sur ces 2.42€ il ne reste pas grand chose. En général, dans le métier de libraire, une fois que tous les frais fixes et taxes sont payés, il reste moins de 2% de ces 2.42€ soit environ 4 centimes. Et cela ne tient pas compte d’éventuelles dépenses en communication (l’achat d’espace publicitaire pour faire connaître la librairie, ou nos marque-pages offerts ont aussi un coût…).
Beaucoup de lecteurs se plaignent d’un marché du manga saturé, ton avis là-dessus ?
Oui, il y a beaucoup trop de titres qui sortent sur le marché. Mais le réel problème c’est surtout que bon nombre de titres sortent sans appui marketing ou communication. Et mis à part les titres qui s’adressent à des niches du marché, où là il ne faut que compter sur le bouche à oreille et un peu de marketing viral, je pense que beaucoup de titres n’atteignent pas le public qu’ils pourraient et devraient atteindre, faute d’une communication et d’un marketing efficace et correctement ciblé.
Donc, continuer à proposer une offre large et variée : OUI ! Mais pas n’importe comment et surtout pas n’importe quoi !
Il y a quelques années, en suivant le succès de Nana, de nombreux éditeurs se sont dit « Tiens, le shôjo, ça marche, on va en sortir aussi.. » Et on a eu une déferlante de tout et n’importe quoi. Les lectrices, probablement plus attentives que les garçons ne se sont pas fait avoir et beaucoup ont payé le retour de bâton ! Donc encore une fois, oui pour un très large choix et la variété, mais de façon intelligente !
Avec toutes les nouvelles sorties, comment on gère un stock de manga ?
On le gère comme on peu (rires…). Chez Komikku, nous donnons sa chance à chaque volume qui sort. Même s’il ne faut en commander qu’un seul, on le fait pour que le lecteur puisse être sur de le trouver chez nous le mois de sa sortie, même s’il s’agit d’un truc obscur…
Pour les offices (les livraisons de nouveautés), c’est très simple. Lorsqu’un titre démarre, on choisi une quantité initiale pour le tome 1 en se basant sur plusieurs critères :
- L’appui marketing et communication de l’éditeur pour soutenir son titre,
- Le potentiel du titre par rapport à notre clientèle,
- Notre volonté de pousser le titre pour lui donner un maximum de chance,
- La renommée du titre (est-il déjà connu, attendu, … ?)
Pour le tome 2 de la série, nous continuons sur la même lancée que le tome 1.
En revanche, pour les tomes suivants, ce sont les chiffres de ventes du précédent qui nous permettent d’affiner au mieux les quantités à commander.
Ensuite, il y a la gestion des réassorts. Si un titre se vend plus rapidement que prévu, on essaye d’anticiper au mieux pour ne pas en manquer et on le commande directement chez le diffuseur de l’éditeur.
Enfin, le plus délicat, la gestion de la réserve. Une librairie comme Komikku, c’est près de 6000 livres en rayon, et donc, une grosse somme d’argent immobilisée sur ces rayons. Vous imaginez bien qu’il est impossible d’avoir un double de chaque ouvrage dans la réserve. Ça ferait trop de stock qui dort en attendant d’être vendu. Pour les séries phares, qui se vendent bien ou que l’on apprécie particulièrement et qui se retrouvent donc au cœur des conseils libraires, nous avons un petit surstock. Pour le reste, nous sommes en flux tendu et très régulièrement nous nous réapprovisionnons dans les entrepôts des distributeurs. Cela nous permet d’avoir une réactivité de moins de 24h, entre le moment où le titre est commandé et le moment où il arrive en magasin, pour plus de 80% des références disponibles chez Komikku.
Et pour finir il reste la gestion des retours. Environ 18% de ce que l’on commande ne se vend pas. Il faut donc les retourner au distributeur afin que les titres soient crédités sur notre compte. Il est très important de bien gérer ses retours pour ne pas se retrouver avec un grand stock immobilisé en magasin.
Quelle est la durée de vie d’un tome en magasin en moyenne ?
Un titre passe par deux cycles de vie dans une librairie. D’abord sa présence sur la table des nouveautés qui lui permet de bénéficier d’une super visibilité. Et ensuite sa vie en rayon.
Pour ce qui est de la table des nouveautés, nous avons délibérément opté pour une immense table afin qu’un titre puisse y être présent 3 à 4 semaines. Avec 130 sorties par mois, il faut que la table soit assez grande ! Ensuite, s’il s’agit d’un titre que l’on aime beaucoup ou qui plait beaucoup, il a droit à une ou deux semaines supplémentaire en « facing » (le livre est visible de face) dans le « TOP nouveautés ».
Puis il y a la vie en rayon. En général, une série complète reste en rayon au moins toute son existence (c’est à dire de la sortie du tome 1 jusqu’au dernier tome). In fine restent en rayon les séries références et les coups de cœur de la librairie.
Beaucoup de boutiques de manga ont fermé ou ferment ces dernières années… C’est du à quoi selon toi ?
Pour le DVD, c’est très clair : beaucoup de nos clients regardent leurs séries animées préférées sur internet et se refusent à acheter un DVD à 29, 39 ou 49 € pour une poignée d’épisodes.
Pour le marché de la figurine, c’est un peu plus compliqué : il y a plusieurs facteurs. Après la 1ère crise de 2008, beaucoup ne voyaient pas l’intérêt de continuer à acheter des objets en plastique, que l’on pose sur une étagère et qui finissent par prendre la poussière. Et puis, mine de rien, ça commence à prendre beaucoup de place dans un appartement. Arborer ses préférences et ses couleurs pouvait aussi se faire avec un badge, un t-shirt, un strap accroché au téléphone portable… Des objets qui se vendent à petits-prix mais qui ne permettent pas de remplacer le chiffre d’affaire que générait la vente de figurines.
Second point, le prix. Importer de façon officielle des objets originaux à un coût, très élevé. Sur les salons, les contrefaçons affichent des prix bien inférieurs. Fallait-il oser se lancer dans le made in « Hong-Kong » et s’attirer potentiellement les foudres des ayants droits ? Ou fallait-il continuer sur de l’import officiel et afficher des prix très élevés dans un contexte économique qui n’allait guère s’arranger ? Pour l’un comme pour l’autre, ça n’était pas viable.
Ensuite, il y a le libraire. Être passionné, c’est bien ! Mais il faut aussi avoir l’âme d’un communicant ! Une passion ça ne se communique pas seulement en racontant l’histoire d’un livre. La librairie, surtout quand elle est spécialisée, doit être un lieu de vie et de communication.
Ce que je regrette, c’est de constater que pour bon nombre de mes collègues, être libraire, c’est attendre derrière sa caisse que le client vienne chercher son dernier One Piece… Non ! Il faut créer des événements, il faut donner de la vie à son petit commerce. Nous sommes malheureusement trop peu à avancer dans ce sens. Et je félicite d’ailleurs mes quelques collègues qui se battent pour organiser des événements dans leurs librairies. Je félicite ceux qui cherchent sans cesse de nouvelles idées pour mettre en avant un titre qui leur plait ! C’est comme cela que nous faisons la différence !
Tu fais venir régulièrement des auteurs… Est-ce que c’est compliqué à mettre en place et le jeu en vaut-il la chandelle ?
Alors, oui ! Cela demande beaucoup d’organisation. Chez Komikku, l’espace est petit, il faut donc que tout soit parfait pour que l’auteur se sente à l’aise et puisse partager un vrai moment avec chaque lecteur qui vient le voir. C’est une modification de la configuration du magasin, c’est un employé supplémentaire sur la surface de vente et parfois un employé supplémentaire pour gérer la file d’attente à l’extérieur. Mais oui, le jeu en vaut la chandelle. Toute visibilité est bonne. Je travaille déjà sur les prochaines rencontres pour avril, mai et juin. Ça demande du travail, de l’anticipation, mais je trouve que c’est un aspect super intéressant de notre métier.
Qu’est-ce qui est le plus dur dans ton métier et, à contrario ou pas, qu’est-ce qui te plait le plus ?
Le plus dur ? C’est un métier qui demande beaucoup d’énergie et d’implication. Un commerce doit avoir une large amplitude au niveau de ses horaires pour être là, le moment où les gens peuvent ou ont besoin de venir nous voir. C’est pour cela que l’on ne ferme pas entre midi et 14h00, que nous restons ouverts jusqu’à 20h et que nous sommes ouverts le dimanche. Ce n’est pas facile tous les jours. Et puis les marges sont faibles dans le métier de la librairie. Le résultat net est inférieur à 2% pour beaucoup de libraires. Impossible donc d’avoir un magasinier. Il faut gérer les entrées en stock et les retours, tout seul. Les cartons de livres pèsent… Aussi bien en poids que sur le moral.
Mais c’est un métier de passionnés. Faire découvrir de petits bijoux est un véritable plaisir. Élargir le spectre de lecture des enfants et ados qui prendront la relève fait partie de notre métier. Et ça c’est excitant. Puis, de mon côté spécifiquement, travailler sur la mise en place d’événements ou de rencontres avec des auteurs, réfléchir « stratégie et développement », sont des aspects qui me font vibrer.
On se rapproche de la fin de l’interview, alors qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour 2012 ?
Je travaille actuellement sur un très gros projet, ambitieux qui nécessite beaucoup d’énergie. J’y mets tout mon cœur et c’est le projet d’une vie. C’est bien sur lié à Komikku. J’espère que tout se passera bien. J’ai un petit morceau de bois sur mon bureau que je touche tous les jours. Une espèce de petit gri-gri alors que je ne suis pas superstitieux… Je sais que c’est très mystérieux. Mais promis, tu seras dans les premiers informés ;) Alors ce qu’on peut me souhaiter, c’est une petite dose de chance, pour le reste je m’en occupe à coup de travail acharné et de motivation ;)
Un coup de pouce à un manga qui n’a pas le succès qu’il mérite ?
Peace Maker de MINAGAWA Ryûji (Glénat) :
Cet auteur à qui l’on devait l’excellent ARMS (Kana) revient avec un super seinen, bien ficelé, plein d’action et de gunfight, à la sauce western. C’est un genre que l’on voit très peu exploité dans le manga et le coup de crayon assez réaliste de l’auteur nous plonge directement dans l’univers des duels au pistolet.
Run Day Burst de OSADA Yuko (Ki-oon) :
Un tour du monde dans une course complètement folle, sans règle si ce n’est d’utiliser un véhicule sur roues. Je ne suis pas très shônen et pourtant celui-ci m’a vraiment marqué ! L’auteur est surprenant ! Il nous offre un titre ultra dynamique, drôle et passionnant et aussi rythmé que l’est la course à laquelle les protagonistes participent.
Merci Sam !
Merci infiniment de m’avoir offert cet espace d’expression.
Un grand merci à Sam pour ses réponses détaillées et le temps nécessaire qui va avec.