Madame Figaro. - Vous avez joué récemment dans le thriller Time
Out. Vous y incarniez un justicier amoureux. Aimez-vous les films sentimentaux ?
Justin Timberlake. - Il est vrai que j’en ai tourné pas mal. Sexe entre amis, par exemple, ou Bad Teacher. Mais ils avaient une connotation humoristique.
Time Out surfe sur la véritable passion. Quand on m’a raconté l’histoire, j’ai été immédiatement séduit. Je ne me suis pas demandé si j’allais pouvoir jouer le rôle. On a tous envie de
jouer un personnage comme ça, qu’on admire et qu’on respecte. J’y ai vu une opportunité de me distinguer en tant qu’acteur. D’y ajouter de la distance et de la fantaisie. Le héros est un M.
Tout-le-monde, et j’ai voulu qu’on s’attache à lui. Plus jeune, j’étais un peu comme lui, idéaliste et épris de justice universelle. Je suis issu d’un milieu socialement modeste, j’étais et je
reste très proche de ma mère. C’était donc très facile pour moi de jouer ce sentiment d’amour filial.
Dans The Social Network, votre personnage est particulièrement cynique...
En effet, mais mon travail est de le défendre, de croire en lui, même si c’est un affreux arriviste sans scrupule. Personne ne se lève le matin en se disant : je suis mauvais. Je devais entrer
dans la peau du type et le faire exister. C’est ainsi que je conçois mon travail d’acteur.
C’est important pour vous de représenter le parfum de Givenchy ?
C’est une belle collaboration, très intéressante. J’adore Givenchy. Ça évoque un style de vie qui me correspond. Je suis assez sportif : je pratique, entre autres, le snowboard et le golf. Un
instant, on a pensé à un green pour shooter la campagne Play Sport. Et puis on a opté pour un personnage en cabriolet sous le ciel californien. Je ne déteste pas le côté play-boy au volant d’une
Jaguar, même si cela ne me ressemble pas tout à fait !
Votre définition de l’élégance ?
Je pense que l’élégance vient avec la sagesse et la capacité d’oublier tout et de vivre le moment présent. C’est tant de choses, c’est difficile à décrire. Chez une femme, cela englobe sa
gestuelle, son attitude, sa façon de parler, son environnement. L’élégance est un geste et un mouvement. Il est question de la manière dont on porte ses vêtements, pas tellement des vêtements
eux-mêmes. Pour un homme, je crois que l’élégance vient avec l’expérience.
Quels sont les looks masculins que vous aimez ?
J’aime bien le style Bob Dylan, Borsalino et vêtements étriqués. Je suis très éclectique, en fait. J’ai
pratiqué une multitude de looks, du rappeur au dandy. Chez les hommes de scène, j’admire des allures très différentes. Cela va d’Elvis Presley à Frank Sinatra, en passant par Lou Reed, Marlon
Brando, James Dean ou Fred Astaire. J’aime mélanger les styles. C’est ça la modernité, je crois.
Existe-t-il un acteur ou un chanteur qui vous inspire ?
Frank Sinatra, évidemment. Pour moi, c’est l’idole absolue. Bien sûr, on ne voit pas d’analogie entre lui et moi a priori. Sauf que, dans les années 50, il a créé un style unique, original, qu’on
a cherché à imiter à l’infini. Il a fait son truc et je l’admire pour ça, j’aspire à suivre sa trace. Les femmes étaient toutes folles de lui, mais il n’en aimait qu’une, la plus belle : Ava
Gardner. Je me sens très inspiré par cette alchimie, le prince et le voyou, qu’incarnait Sinatra.
Quand vous étiez jeune, vous rêviez d’être une star ?
Non, je voulais être basketteur dans la NBA. La chanson est venue naturellement à moi. Le divertissement fait partie de mon ADN. J’ai toujours aimé faire rire mes parents. Il y avait une heure
chez nous où je faisais le pitre pour eux, tous les soirs.
Que pensez-vous du charisme de Madonna ? Madonna est unique. C’est compliqué de l’approcher, mais dès qu’elle vous adopte, elle est très gentille et chaleureuse. Je l’ai vraiment
adorée. Elle est perfectionniste, un peu comme moi. Je la trouve très intelligente, très au fait de la nouveauté, c’est stimulant.
Quels sont vos créateurs préférés ?
Riccardo Tisci, Alexander McQueen, Stefano Pilati, Karl Lagerfeld, Ralph Lauren. Ralph a exalté tout ce qui était l’essence de l’Amérique dans son stylisme.
Comment organisez-vous vos journées ?
La gestion d’un agenda est une chose capitale. J’aime me lever tôt. Et je me couche tôt quand je travaille. Je vis entre L.A. et New York. Je ne sors pas trop. En tout cas, pas tous les jours.
Quand je ne travaille pas, je prends mon chapeau et je sors me promener. Surtout à New York, où il est difficile de résister à la tentation de flâner au hasard des rues. À Los Angeles, en
revanche, j’adore rester à la maison.
La réalisation vous attire ?
J’ai réalisé quelques clips et spots de pub. Ce serait intéressant. Mais pour cela, il faut du temps et de la patience. Et pour l’instant, je manque des deux !