C'est la première fois qu'une telle réunion est organisée pour plancher sur l'importance d'éclairer les politiques par les meilleures données scientifiques disponibles. Cet atelier, organisé à l'initiative de l'Université de Cambridge a réuni 52 scientifiques et décideurs de renom pour convenir d'une nouvelle feuille de route intégrant un large éventail d'expertises (sciences médicales et sociales, physique, biologie, environnement) de politiques, d'ONG et de représentants de l'industrie. Objectif, créer un nouvel agenda de recherche scientifique et politique, de manière à parvenir à une « evidence-based politique ». Les résultats de cette consultation sont publiés dans l'édition du 9 mars de la revue PLoS ONE.
Chaque participant a été invité à soumettre une liste de questions, puis par vote, les listes initiales, soit 239 questions, ont été fusionnées en une liste de 40 questions.
La crise de l'ESB ou encore la controverse sur le vaccin ROR sont 2 exemples de la nécessité de politiques éclairées par la science, mais il y en aurait beaucoup d'autres. Si le rôle de la science dans les politiques publiques est reconnu depuis longtemps, le débat sur la façon dont on y parviendra le mieux s'est animé ces dernières années et semaines. L'evidence-based politique est devenue la norme souhaitée et conduit immanquablement à une plus grande intégration de scientifiques aux côtés d'autres spécialistes en matière de politiques publiques. L'exemple est donné au Royaume-Uni, où chaque ministère a son Conseiller scientifique.
Le débat est loin d‘être facile. Les relations entre la science et la politique sont parfois troublées, et périodiquement irruption dans la controverse. Les exemples les plus connus comprennent la compréhension scientifique du changement climatique, l'utilisation de cultures ou aliments génétiquement modifiés ou encore tout récemment le partage des recherches bloquées sur le supervirus H1N1. L'objectif de cet atelier était donc d'identifier les questions clés qui, une fois « tranchées », permettraient de répondre aux défis de la société en optimisant la compréhension mutuelle et l'efficacité de ceux qui travaillent à l'interface de la science et de la politique.
Quelques questions retenues… Comment les systèmes consultatifs scientifiques affectent les résultats des politiques (Q18), Comment la transparence de ces conseils peut améliorer leur qualité (Q35), Comment parvenir à une identification précoce des questions politiques qui nécessitent des conseils scientifiques (Q10), Comment anticiper au mieux les questions de politiques futures nécessitant l'apport scientifique? (Q17), Comment et en quoi le rôle des conseils scientifiques dans l'élaboration des politiques diffère entre les niveaux local, régional, national et international? (Q19), Comment les décideurs peuvent comprendre et répondre aux incertitudes scientifiques ou en cas de désaccord avec les experts? (Q29).
Le Dr Robert Doubleday, Directeur pour la recherche du Centre pour la Science et la Politique (CSAP) de l'Université de Cambridge, explique: « Pour la première fois des scientifiques, des décideurs et des universitaires se sont réunis dans le cadre d'un processus structuré avec l'objectif d'un programme commun de recherche. Il s'agit d'une étape cruciale qui doit permettre de réduire le décalage entre la théorie et la pratique de la politique scientifique ». Ce document devrait contribuer à surmonter ce décalage, d'autant qu'un suivi des avancées réalisées par le groupe de travail est d'ores et déjà prévu.
Source: PLoS ONE 7(3): e31824. doi:10.1371/journal.pone.0031824 « A Collaboratively-Derived Science-Policy Research Agenda” (visuel Aids Society Conference)
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