Depuis des semaines je me dis que je vais écrire un billet bien chiadé sur cette histoire de semences et puis, par manque de temps, je repousse. Entre temps, Anita m’a apporté des documents fabuleux pour la « construction » de mon billet et Jérôme m’a envoyé deux brouillons sur le sujet. Je ferai peut être mon propre billet sur le sujet mais je n’ai aucune raison de retarder la publication de la prose de Jérôme. Voici donc, dans la rubrique Tribune Libre, le billet de Jérôme Lurie « Autorisaiton au Développement Nuisible ».
On assiste ces dernières années à des prouesses de l'ingénierie génétique qui se fait l’écho dans les médias des succès les plus spectaculaires, il faut bien encore entretenir l'envie de donner aux œuvres caritatives.
Concernant ces dernières, en fin d'année 2011, dans un silence médiatique assourdissant, une proposition de loi UMP a proposé de réglementer la réutilisation des semences par les agriculteurs, Bruno Le Maire précisant que ces semences "ne peuvent pas être libres de droit, comme elles le sont aujourd'hui".
Pour ceux qui ne l'aurait pas compris, nos gouvernements succombent à un lobby puissant qui n'a de cesse de contraindre les états au rôle d’enregistreur de lois, la proposition UMP visant à transposer un règlement européen existant depuis 1994. Nul doute qu'une armada d'avocats spécialisés en droit international attend sous les alcôves de la justice européenne pour sauter à la gorge des états contrevenants.
La parade aux agriculteurs contrevenants existe toutefois dans une solution trouvée dans une éprouvette : la technologie dite « Terminator » (ça ne s'invente pas) qui rend stériles les graines de seconde génération des semences OGM.
Bien de choses sont inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO qu'il soit immatériel ou pas, du Mont Saint Michel au cirque de Gavarnie, du temple d'Angkor à la cathédrale d'Amiens, des derviches tourneurs au repas à la française, du fado au théâtre des ombres chinoises, de l'art du pain d'épice croate au chant polyphonique corse, de l'art du tracé dans la charpente française à la danse de guérison Malawi, etc.
Tous ces patrimoines nous sont précieux. Que ce soit par la nature ou la culture, nous possédons sur cette terre des richesses innombrables qui ont une valeur inestimable. Le classement de l'UNESCO nous invite à la préservation et à la valorisation, restant aux hommes à continuer de faire vivre ce patrimoine qui est déclaré bien universel dont quiconque ne peut s'arroger la propriété.
Cependant, je trouve révoltant de ne voir figurer nulle part dans ce classement le premier de tous les patrimoines, celui qui pourtant détermine en grande partie ce que nous sommes depuis la naissance de la vie dans l'univers : le patrimoine génétique.
J. LURIE