ADN = Autorisation au Développement Nuisible

Publié le 11 mars 2012 par Lgdeluz

Depuis des semaines je me dis que je vais écrire un billet bien chiadé sur cette histoire de semences et puis, par manque de temps, je repousse. Entre temps, Anita m’a apporté des documents fabuleux pour la « construction » de mon billet et Jérôme m’a envoyé deux brouillons sur le sujet. Je ferai peut être mon propre billet sur le sujet mais je n’ai aucune raison de retarder la publication de la prose de Jérôme. Voici donc, dans la rubrique Tribune Libre, le billet de Jérôme Lurie « Autorisaiton au Développement Nuisible ».

On assiste ces dernières années à des prouesses de l'ingénierie génétique qui se fait l’écho dans les médias des succès les plus spectaculaires, il faut bien encore entretenir l'envie de donner aux œuvres caritatives.

Il est une activité qui est beaucoup moins télégénique, qui mobilise pourtant des moyens et une énergie délirante dans une course effrénée des laboratoires au brevet génétique, le vivant devenant une marchandise comme une autre, des cellules souches embryonnaires, aux  semences OGM devenant propriété de grands groupes transnationaux.

Concernant ces dernières, en fin d'année 2011, dans un silence médiatique assourdissant, une proposition de loi UMP a proposé de réglementer la réutilisation des semences par les agriculteurs, Bruno Le Maire précisant que ces semences "ne peuvent pas être libres de droit, comme elles le sont aujourd'hui".

Pour ceux qui ne l'aurait pas compris, nos gouvernements succombent à un lobby puissant qui n'a de cesse de contraindre les états au rôle d’enregistreur de lois, la proposition UMP visant à transposer un règlement européen existant depuis 1994. Nul doute qu'une armada d'avocats spécialisés en droit international attend sous les alcôves de la justice européenne pour sauter à la gorge des états contrevenants.

Un autre signe des temps est l'attitude d'un groupe tel MONSANTO qui a créé une police des semences spécialisée dans la traque des agriculteurs resemant illégalement des graines qu'ils récoltent. Je propose dans le même élan de sous-traiter les fonctions régaliennes de l'état. Ah bon, c'est déjà fait ?

La parade aux agriculteurs contrevenants existe toutefois dans une solution trouvée dans une éprouvette : la technologie dite « Terminator » (ça ne s'invente pas) qui rend stériles les graines de seconde génération des semences OGM.

 

Disons donc adieu à la biodiversité induite par des pratiques ancestrales de sélection naturelle des semences, admirons une dernière fois les paysages sculptés par les hommes de la terre véritables paysagistes de nos terroirs, regardons-nous tant qu'il en est encore temps comme  individus libres de disposer de nous-même.

Bien de choses sont inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO qu'il soit immatériel ou pas, du Mont Saint Michel au cirque de Gavarnie, du temple d'Angkor à la cathédrale d'Amiens, des derviches tourneurs au repas à la française, du fado au théâtre des ombres chinoises, de l'art du pain d'épice croate au chant polyphonique corse, de l'art du tracé dans la charpente française à la danse de guérison Malawi, etc.

Tous ces patrimoines nous sont précieux. Que ce soit par la nature ou la culture, nous possédons sur cette terre des richesses innombrables qui ont une valeur inestimable. Le classement de l'UNESCO nous invite à la préservation et à la valorisation, restant aux hommes à continuer de faire vivre ce patrimoine qui est déclaré bien universel dont quiconque ne peut s'arroger la propriété.

Cependant, je trouve révoltant de ne voir figurer nulle part dans ce classement le premier de tous les patrimoines, celui qui pourtant détermine en grande partie ce que nous sommes depuis la naissance de la vie dans l'univers : le patrimoine génétique.

J. LURIE