On sait désormais que notre cerveau se compose en gros de 100 milliards de neurones reliés par un million de milliards de connexions que les HUMAN Connectome ou Human Brain projects ambitionnent de pouvoir cartographier un jour ! Mais on sait aussi qu’en décidant de passer outre nos petites habitudes mentales (= la comfort zone ) nous créons des « parallel synaptic path and new brain cells » qui peuvent, modestement mais sûrement, nous entraîner vers des chemins très prometteurs tout en restant humains… Bref et ouf ! La plasticité cérébrale existe bien et notre destinée est donc réversible, flexible, auto-gérable. Cette complexité cérébrale est la vraie bonne nouvelle des recherches neuroscientifiques et neurobiologiques de ce siècle, on ne se réjouira jamais assez de disposer et de pouvoir interagir avec cet incroyable espace de liberté.
En lisant le livre de Dawna Markova the Open Mind et les textes qui accompagnaient la remarquable exposition du MoMa: Design and the Elastic Mind ( mai 2008, New York), on découvre que finalement, c’est juste un peu de gymnastique cérébrale quotidienne consentie qui fait le mieux échapper au « système de production et de représentation d’images dominé par la logique du capitalisme de marché… la société du spectacle et son modèle unidimensionnel formaté par le langage de l’idéologie consumériste » (relire Bruce Bégout). Ce sont ces modèles « confortables » indéracinables (car inscrits dans notre hippocampe) qui enlisent l’imagination innovante et les visions prospectives du futur. « The mind can’t close old roads. But it can build innovative parallel ones ».
Pour résumer, nous aurions tous à la naissance, quatre capacités pour affronter les challenges cognitifs : les voies de l’analyse, de la procédure, du relationnel (collaboratif ), de l’innovant…mais à la puberté, le cerveau laisse tomber en désuétude la moitié de ces aptitudes, le plus souvent, les deux dernières bien sûr. Ensuite, notre existence va se répartir en trois zones/états : le confort, le stretch et le stress. C’est cette zone centrale, ce lieu de stretch « awkward and unfamiliar » qui nous intéresse, là où le vrai changement peut encore se faire et nous sauver. Alors, bon courage !… optons pour la voie sereine et durable de l’elastic mind …. On nous suggère d’y aller step by step, de pratiquer les méthodes douces asiatiques, genre le KAISEN japonais ( = tiny, continuous improvements) technique de ruse avec notre cerveau ( trop conservateur), proche des Transformations silencieuses décrites par le sinologue François Jullien. Un apprentissage, intégrant l’incertitude, les hésitations, les nécessaires attardements, les passions, les défis, qu’illustre aussi en six volumes La Méthode d’Edgar Morin.
En conclusion : « you cannot have innovation, unless you are willing and able to move through the unknown and go from curiosity to wonder» cette capacité à cheminer autrement, à s’émerveiller, s’entretient, se cultive à vie … Quand on demande à Tim Berners – Lee, père du World Wide Web, ce qu’il fait encore au MIT, il répond :« j’aime bien me promener dans les couloirs et tomber sur des gens qui travaillent dans d’autres domaines fascinants. Cela maintient mon esprit en éveil. » (résultat : Le MIT est à l’origine de 25 800 sociétés qui emploient plus de trois millions de personnes…) C’est aussi la volonté des organisateurs des conférences les plus pointues de la planète en matière de génie créatif, les TED ( =Technology, Entertainment and Design) de parier sur ce mélange détonnant et stimulant de connaissances et d’expressions tout azimuts : « on va à TED pour inspirer les autres et non pas pour parler de soi . Il s’agit de quelque chose de presque spirituel…» Une spiritualité, ouverte à tous, qui génère des milliers de projets innovants chaque année…
For creativity’s sake, leave the comfort zone ! On ne le dira jamais assez…
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