Comme vous le savez, protoyper prend une place centrale dans la méthodologie du programme CPi. C’est pourquoi j’ai interviewé Christophe Pennetier sur l’intérêt du prototypage. Christophe insiste particulièrement sur cette étape du processus créatif.
Prototyper, c’est mettre en forme pour tester, c’est « réfléchir avec les mains ». Tester dans quel but ? « Pour converger vers la satisfaction de l’utilisateur » selon Christophe. En effet, prototyper tôt et régulièrement permet de diminuer les risques inhérents à un projet (se tromper de cible ou de concept, autrement dit, tomber à côté). En essayant empiriquement, on est confronté aux freins. Christophe prend l’exemple du stylo : c’est avec l’utilisation qu’on réalise le problème du gaucher, s’il est trop fin etc… « Prototyper, c’est mettre à l’épreuve de l’utilisateur ». La contrainte créative crée un feedback positif : on voit ce qui fonctionne pour l’améliorer aussi bien qu’on peut changer de direction si ça ne fonctionne pas.
« Pour toutes ces raisons, j’ai pour habitude de conseiller à tous les étudiants de conserver cette habitude en entreprise » rappelle Christophe. Et cela concerne aussi bien les clients que ses supérieurs. Avec le prototype, on montre quelque chose, on est dans l’expérience concrète, dans l’utilisation. Il n’y a alors plus de combats d’idées : on est dans la pratique et on apporte des feedbacks utiles, de la même manière que l’on peut être convaincu par quelque chose en l’essayant.
L’exemple le plus flagrant en entreprise est celui de la présentation Powerpoint. « Faites moi une présentation pour la semaine prochaine ». Qui n’a jamais entendu cette phrase en stage ? « On se débrouille pour faire le meilleur truc possible, et on peut très bien tomber à côté après avoir énormément travaillé » dit Christophe. Alors qu’avec le prototypage, on a fait un draft de présentation montrant « voilà ce que je veux faire ». Votre patron va s’accaparer, en quelque sorte, la présentation et ne pourra ainsi plus rien dire sur la présentation finale.
Cette remarque de Christophe est d’autant plus importante qu’«il (le prototypage) n’est pas ce qu’il y a de plus répandu dans les entreprises» qui ont l’impression de ne plus en avoir besoin. L’état d’esprit et la culture française restent plutôt rigides : pour la plupart, faire un prototype, c’est faire quelque chose pour se tromper.
Christophe nous met cependant en garde surl’utilisation abusive du prototype : « A Stanford, partie ingénierie, une de mes camarades a inventé un système de panneaux solairesau fond de pots de fleur. Ces panneaux permettaient de faire vivre en énergie toute une cuisine. Cette étudiante a gagné le premier prix de son département avec $10,000 à la clé.Sa partie technique étant parfaite, elle aurait dû s’attaquer à la partie business, aller voir Ikea par exemple en disant « voilà ceque je peux faire ». Elle, au contraire, a choisi d’utiliser ses $10,000 pour faire un autre prototype. Ce qui n’apporte rien de plus à l’usage et la vente. C’est une erreur à ce stade », l’occasion pour Christophe de rappeler l’importance des trois pôles du programme CPi : design, technique et business.
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