film:" Le cheval de Turin" de Béla Tarr (2)

Par Dina_gar

   Ce film m'a tellement fascinée que je viens de le revoir . Cette deuxième fois m'a fait pénétrer plus avant dans la  décomposition de la vie des trois protagonistes  : le père , la fille et le cheval (qui est une jument ).  Le film  conte  les  six jours  qu'on peut considérer comme étant les derniers de leur vie.  Pendant les cinq premiers , la tempête fait rage; le sixième est plongé dans un silence inquiétant..  La même musique parcourt presque tout le film comme une rengaine lancinante ...

   -Le premier jour , le père fait remarquer à sa fille qu 'on n'entend plus les vers ronger le bois , il les a toujours entendus pendant  cinquante-huit ans. Est-ce qu'ils ont déserté la  maison ?

   -Le deuxième jour , le cheval ne veut pas sortir de l'écurie  La fille et le père s'occupent à des travaux domestiques. Ils ont la visite  d'un voisin qui vient leur demander de la "palinka" , l'eau de vie hongroise (il en est aussi question dans le film" Satantango " et aussi dans "les harmonies Werckmeister"). Le voisin en profite pour faire un tableau noir de la situation du pays.

   - Le troisième jour le cheval ne mange plus . Un groupe de Tsiganes vient au puits et demande de l'eau ; ils en prennent  et sont chassés par la fille mais surtout par le père qui brandit un couteau . Ces Tsiganes s'enfuient en lançant une malédiction "crève , crève"...

   -Le quatrième jour le puits est tari , le cheval ne  mange toujours pas.. Ils font leurs bagages et partent , la fille tirant la petite charrette et le cheval suit péniblement , accroché à la charette.   Mais avant le soir , ils sont déjà revenus ....

   - Le cinquième jour; première image comme un Mantegna (Christ mort.)... Le cheval n'en peut plus ; le père et la fille n'ont plus faim. Les lampes s'éteignent et il est impossible de les rallumer . La tempête cesse ...

   - Le sixième jour , le père et la fille, à table , l'un en face de l'autre devant leur assiette avec une pomme de terre crue ...  seul  le père essaie de manger  . Leur visage est éclairé (j'ai pensé à un Georges de la Tour - sans bougie) et les visages peu à peu se figent ...

   Quel film ! Pour moi l'un des plus beaux de 2011