[AVANT-PREMIERE]
Salmon Fishing in the Yemen est un film du suédois Lasse Hallström, avec tout ce que cela implique. Le cinéaste, qui a récemment signé Cher John ou Hatchi, ne dévie donc pas ici de sa ligne de conduite habituelle : lenteur et bons sentiments. Flirtant avec le soporifique et le mélo lourdingue par instants, son nouveau film n’est pourtant pas à jeter à la poubelle, la magie opérant surtout grâce à une poignée d’acteurs irrésistibles : Emily Blunt, Ewan McGregor et Kristin Scott Thomas. Qui plus est, le pitch, adapté du roman éponyme de Paul Torday, dévoile une intrigue singulière où plusieurs protagonistes s’emploient, chacun pour des raisons différentes, à introduire la pratique de la pêche au saumon au Yémen. C’est souvent cocasse, drôle, et léger. Hallström parvient à créer une alchimie crédible entre ses comédiens, transcendant par là même une mise en scène figée, un peu à distance des émotions qu’il défend.
Du coup, c’est en prenant le spectateur à contre-pied qu’il parvient à surprendre: s’il y a happy end, il est amené avec beaucoup de douceur. Mieux : le cinéaste parvient à nous faire souhaiter la fin heureuse, tant il a rendu ses personnages attachants. Chose rare. Tout du long, il souhaite prendre son temps. Tranquille lorsqu’il filme les étendus verdâtres de l’Ecosse, la pluie londonienne et les déserts yéménites. Posé, lorsqu’il amène progressivement une inévitable love story sur fond de mariage raté et de destins menacés. Hallström surprend donc, positivement, plus dans la retenue qu’à l’accoutumée, plus mature aussi. Son film, s’il ne révolutionnera en rien une filmo qui ronronne quelque peu (mais chacun ses goûts), a au moins le mérite de briller par sa délicatesse, quelque part entre fulgurances comiques et plages de romantisme.
Sortie en salles : prochainement.