Magazine Cinéma
Sonthar Gyal au CID mercredi 7 mars 2012
Deauville a ouvert son 14° festival du film asiatique avec une météo normande en colère, vent, pluie, froid. Ouverture très rapide, 20 minutes tout compris, petit speech du maire de la ville, jury compétition présidé par Elia Suleiman qui salue rapidement, on aperçoit furtivement Tahar Rahim, Isild Le Besco, Corinne Masiero, etc... Malgré ce temps de chien, la salle du CID au deux tiers remplie ce qui est une bonne proportion pour un mercredi de semaine ouvrable, le festival a trouvé son public, ses fidèles. Le jury Action, présidé par Isabelle Nanty (dernière minute, Fabienne Babe et Didier Long remplacent Christine Citti et Philippe Kelly prévus), n'est pas dans la salle, on le réserve pour le lendemain avec le départ de la section Action Asia. Au final, le jeune réalisateur de "The Sun-beaten path" monte sur scène avec son producteur présenter le film d'ouverture, heureusement, il prend son temps, il me semble que chaque année, la cérémonie d'ouverture raccourcit, sans se complaire dans les discours, un petit côté festif pour lancer le festival ne serait pas de refus non plus...
"The Sun-beaten path" de Sonthar Gyal (Chine/Tibet)
Pitch.
Un jeune homme instable quitte Lhassa pour regagner sa maison isolée dans le nord du Tibet. Préférant marcher et affronter les brusques variations de température à prendre le car qu'il trouve trop rapide, il rejette les marques d'empathie d'un vieil homme.
photo Fang Jin media culture communication
En quelques mots...
Nyma, un jeune homme à la peau brûlée de soleil et de crevasses, marche comme un automate, le long de la route qui vient de Lhassa et où chacun pense qu'il a accompli un pélerinage après lequel il doit regagner sa maison dans une région isolée du Tibet. Un vieil homme voudrait l'aider à rentrer chez lui mais il le rejette, lui objecte que le bus est trop rapide... Le vieil homme insiste, allant jusqu'à sacrifier son confort pour veiller sur lui de loin en loin, et, pendant ce temps, sa propre famille lui téléphone sur un portable au milieu de nulle part. On comprend quelques temps plus tard que si le jeune homme préfère marcher, affronter des températures extrêmes, canicule le jour, froid glacial la nuit, c'est pour tenter d'oublier la mort d'un proche et sans doute expier, se punir. Les souvenirs du traumatisme seront montrés plus tard en flash-backs. Mais le vieil homme attendra son heure pour lui transmettre sa force.
Drame aride quasi-mutique, exceptionnellement bien filmé, cadré, sobrement pictural : toujours une touche de rouge ou de rose vif comme accroche dans un tableau général beige sable, couleur terre. Bande son très intéressante avec des mix de son réel augmenté et de percussions, par exemple, le son du silence avec un peu de vent dans le lointain, quelques chants d'oiseaux, autre exemple, musique parfois planante aussi. Le réalisateur a prévenu en présentant son film : ni action ni jolies femmes mais il y a mis son âme. Le film est esthétique sans être esthétisant mais peut-être trop formaliste. Je ne serais pas étonnée que ce film ait un prix, tout à fait le profil du film qui plait en festival.