Le loup, bouc émissaire de la filière ovine : ça suffit !

Publié le 10 mars 2012 par Taomugaia

 

Lettre ouverte des associations ASPAS/FERUS /Animal Cross

Lors du salon de l’agriculture 2012, certains candidats à l’élection présidentielle se sont vus interpellés par le président de l’association « Eleveurs et Montagnes », qui leur demandait de choisir « entre le loup et l’agneau », affirmant que sans le loup, la filière ovine se porterait bien ; et enfin brandissant la menace de la disparition prochaine du pastoralisme et de l’élevage.

Cette présentation caricaturale appelle quelques rectifications :
L’Etat s’est engagé depuis 20 ans à tenter de concilier le statut d’espèce strictement protégée du loup avec le pastoralisme. A cet engagement national se sont ajoutées les initiatives d’associations, telles celles de FERUS et de ses programmes PastoraLoup, qui consistent à apporter l’assistance de bénévoles aux bergers.

Ainsi, il ne s’agit pas de choisir entre le loup et l’agneau : il s’agit de permettre la cohabitation des élevages domestiques avec le loup. A cet égard, les mesures de protection des troupeaux préconisées par les spécialistes ont fait leurs preuves auprès des professionnels de bonne volonté, conduisant à une réduction sensible du nombre de victimes par attaque ainsi qu’à une diminution importante des dégâts causés par les chiens divagants.
Hélas, tous les éleveurs ne jouent pas le jeu d’une protection efficace de leur troupeau.

Au plan économique, chacun sait que sans les subventions de la PAC, l’élevage ovin aurait disparu de France; à ces subventions s’ajoutent des dédommagements octroyés généreusement, c'est-à-dire même si, lors d’une attaque, la responsabilité du loup n’est pas établie.
Dans ces conditions, n’est-il pas simplement normal qu’en contrepartie de ces aides, les éleveurs se conforment aux engagements de protection et renouent avec de bonnes pratiques de gardiennage, trop souvent « oubliées » ?

En outre, les quelque 7 millions d’Euros (pour 2011) du programme de protection du loup ne constituent pas seulement une charge: ils ont contribué à grandement améliorer la condition des bergers.
Ce sont ces dysfonctionnements que le retour du loup a mis en évidence, et qui finalement provoquent le courroux des syndicats du monde de l’élevage. 
Nous demandons à ce que le Plan National Loup soit poursuivi dans l’esprit de ce qu’il fut entre 2008 et 2012, c’est à dire :
- qu’une chance soit donnée à la cohabitation en respectant totalement la gradation Effarouchement/Défense/Prélèvement *; les tirs de défense et surtout de prélèvement ne doivent intervenir qu’en dernier recours.
- et que le Ministère de l’Ecologie cesse de prêter le flan aux assauts répétés des groupements d’éleveurs et de chasseurs, en dégradant progressivement le niveau de protection du loup, notamment comme ce fut le cas avec les arrêtés ministériels de Mai et Décembre 2011.

Le retour du loup est un élément essentiel d’une nature préservée et correspond en cela à la demande sociale des français. Nous refusons que sans cesse, on oppose ce retour d’un super prédateur, garant des équilibres faune/flore, notamment en milieu forestier, aux exigences d’une activité agricole en pleine crise sur l’ensemble du pays, et pas seulement dans les quelques départements où le loup est de retour.

A quoi bon une agriculture de montagne si elle devait supprimer la faune sauvage ?

Très nombreux sont les citoyens qui sont sensibles au respect de la vie et de la biodiversité. C’est pourquoi votre réponse, ou son absence, sera publiée à travers l’ensemble de nos réseaux de communication et d’information. 

* soit des tirs non létaux comme préalable aux tirs de défense accordés sur décision préfectorale; des tirs de prélèvement, sur décision préfectorale, lorsque la pression de prédation est réellement importante, et après s'être assuré au sein du groupe départemental loup restreint, invitant aussi les associations, que les clauses dérogatoires (art.16 de la directive 92/43/CEE) sont respectées.