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Discussion avec Asefi

Publié le 09 mars 2012 par Badiejf
- Tu sais Labadie, le président n’a absolument rien prouvé hier soir dans sa conférence de presse ‘spectacle’.
- C’est à dire ?
- Il a montré des passeports haïtiens et des preuves qu’il a voyagé avec ces passeports, mais il n’a pas fait clairement la démonstration qu’il n’avait pas la nationalité américaine ou italienne.
- L’ambassadeur américain a pourtant précisé que le président haïtien n’avait pas la nationalité américaine. Ça me semblait clair !
- Une déclaration en l’air comme ça dans une conférence de presse, à la demande spontanée du président. Tu penses que c’est valide comme déclaration ‘officielle’ du gouvernement américain ?
- Spontanée … tu y vas fort. On a beau faire semblant d’improviser, le tout avait l’air d’avoir été bien orchestré.
- Orchestré ou non, ça ne change pas grand chose au fond de l’affaire, nos amis sénateurs ne pourront pas se servir de cette déclaration pour fermer le dossier. Ils vont en exiger plus du gouvernement américain. C’est sans compter que celui qui l’accuse prétend que le président a aussi la nationalité italienne.
- J’ai effectivement entendu le sénateur Moïse ce matin, il n’en démord pas. Il a qualifié la conférence de presse d’hier de ‘mascarade’ tout en continuant d’affirmer (preuves en main (!?)) que c’est un étranger qui dirige le pays. Que la prestation du président n’ait pas convaincu le sénateur Moïse, ce n’est pas vraiment une surprise. À cette étape toutefois, la question est plutôt de savoir si le président a convaincu assez de sénateurs pour clore le dossier.
- Je pense qu’il a davantage convaincu les sénateurs et les députés de son mépris des institutions de l’État. De ce point de vue, il a éventuellement ajouté de l’huile sur le feu.
- T’as pas l’impression qu’il a au moins repris un peu de l’appui populaire en acceptant de rendre ses pièces ?
- Je ne crois pas. Les gens ne sont pas dupes à ce point. La tactique de s’associer aux autorités religieuses est une mauvaise lecture de la grande dévotion de la population haïtienne. Ses ennemis sont dans les deux chambres, pas dans les rues. Il n’aurait rien perdu de son appui populaire en se rendant devant les deux chambres pour remettre ses pièces et se serait ainsi éviter des complications pour la suite. Vraiment, il a une drôle de façon de naviguer dans cet espace politique, comme s’il ne comprenait pas les règles du jeu.
- On a plutôt l’impression qu’il ne veut pas les respecter.
- Pas si certaine. Vraiment, j’en arrive à penser qu’il est incapable d’intégrer des dimensions de la fonction, de l’ordre constitutionnel dans lequel il doit naviguer. Je peux comprendre que sa personnalité le pousse à vouloir briser certains moules inutiles ou rendus caduques par la sclérose de nos parlementaires, mais là, il pousse trop fort, comme s’il s’attaquait à toute la baraque.
- T’es pas surprise que les américains et les églises aient accepté de participer à ce petit jeu ?
- Pour les églises, c’est normal. Elles n’ont jamais vraiment accepté cette idée d’un État laïque, surtout les catholiques. Martelly leur a offert l’occasion de se repositionner au centre de l’échiquier politique. Pour ce qui concerne l’ambassadeur américain, j’avoue ne pas comprendre le bourbier dans lequel il a accepté de mettre les pieds. Ceux qui veulent la tête de Martelly ont maintenant une carte de plus dans leur jeu et pourront plus facilement faire intervenir le spectre américain.
- Ils sont quand même capables de se défendre.
- Effectivement, on n’a qu’à menacer les parlementaires de couper leur visa pour aller faire des courses à Miami et hop, tout bagas ok !

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