Voici un excellent texte de Jean Barbe. L'auteur désire que nous le partagions.
Les patriotes, les étudiants, les indignés
Ils ne voulaient pas se battre
Ils ne voulaient pas d’une fête nationale, d’un congé férié, d’un spectaclePour célébrer leur mémoireIls voulaient vivre. Vivre mieux.
C’est tout ce que nous voulons. Vivre mieux.
Pas : plus riche. Mieux.
Ils voulaientTravailler, manger, apprendre, aimer,Faire des enfants, les regarder grandirEspérer que demain soit meilleur qu’hierÊtre libre autant qu’on puisse l’êtreQuant on vit avec d’autres et qu’il faut partager.
Ils voulaient, je veux, nous voulonsVivre
Ils ne voulaient pas se battre pour un pays.Ils voulaient vivre bien, vivre mieuxUn pays peut-être leur permettrait cela.Jamais le pays n’aura été le but.Toujours le pays aura été le moyen, peut-être, de vivre mieux.
Ils ne voulaient pas se battreLes palestiniens ne voulaient pas se battreLes Irlandais ne voulaient pas se battreLes Cubains ne voulaient pas se battreLes Étudiants ne veulent pas se battreIls sont bien rares ceux qui veulent se battreIls voulaient, ils veulent, nous voulonsdes choses concrètesUn coin de terre à cultiverUn métier à faireUn salaire qui permet d’avoirUn repas sur la tableDes vêtements sur le dosDu temps pour le reposUn endroit pour dormirDes choses à apprendrePour grandir encoreDes médicaments pour soigner nos enfantsDes lois qui nous protègent autant qu’un autre.Ce n’est que cela, la dignité.Rien de plus.Rien de moins.
Vous qui possédez la terre à cultiver, les outils de mon métier, l’argent de mon salaireVous qui possédez la nourriture, les vêtements, les maisonsLes médicaments, vous qui appliquez les lois ou les ordonnezPartagezPartagez entre tous sans égards à la couleur de ma peau, à la langue de mes prières, au pays de mes ancêtresPartagezL’abondance dort dans vos coffres, nous le savons,PartagezSi je peux vivre avec dignité, j’accepterai les différences d’opinion, les accommodements raisonnables, les obligations sociales.Partagez. Et il n’y aura plus parmi nous, pour prendre le fusil, pour tuer et mourirQue les fous.
Nous soignerons les fous avec humanité.
Je ne veux pas me battre
Je veux vivre.
Mais.
Les plus pauvres s’appauvrissentLes plus riches s’enrichissentIl est beau le progrèsEt nous sommes en colèreÉchanger la couronne d’AngleterrePour le palais des congrèsTroquer la Reine pour CharestAprès s’être fait fourrer de loinSe faire fourrer de près.
Nous voulons vivreEt vivre mieux.
Alors :
À ceux qui veulent mettre des protège-coudes et des casques de vélo à nos espoirs.
Aux empêcheurs de risque qui veulent notre sécurité en l'imposant de force.
Aux régulateurs des consciences qui font la morale à nos ventres, avortons de la pensée, souteneurs de soutanes et voleurs d’enfances
Aux économistes libertaires, anarchistes de la grande finance qui ne souffrent aucune règle, surtout pas celles de l’égalité et de la compassion
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Aux funambules de l’extrême centre, ces drogués du pouvoir qui sniffent la ligne du parti dans les toilettes du parle et ment.
Aux maquilleurs de statistiques qui dessinent des sourires aux cadavres
À ceux qui jonglent par milliards en sous-payant le jardinierAux ingénieurs des roue de fortune, loto hydro casinoQui prélèvent leurs taxes dans la poche des désespérésVoleurs de grand chemin, bandits de la construction, banquiers, modérateur de tickets aux urgences de vivre.
Aux vendeurs de RÉER qui promettent le paradis avant la fin de vos jours, ces nouveaux curés d’une religion ancienne, ces mafieux qui disent achète ma protection sinon…
À ceux qui veulent nous faire payer le privilègeD’apprendre sur les bancs l’école comment les enrichirTaxeurs de savoir, détourneurs de science au profitÀ ceux qui rêvent d’un peupleCriblé du plomb des dettesLourd et lent, incapable de bougerIncapable de résister
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Aux spécialistes de la mise à pied, aux missionnaires de la mondialisationÀ ceux qui vont content jusqu’en ChineFaire fabriquer par des enfants des cochonneries vendues aux chômeursQui n’auront bientôt pasles moyens de se les payerDans les Dollaramas
À ceux qui roulent en Bentley ou en PorscheEn contournant les nids-de-pouleTandis qu’on fait le trottoir pour éviter d’être à la rue
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Nous sommes lucides nous aussi.Et nous savons ce que c’est que la merde.Nous y sommes, jusqu’au cou. C’est assez. Partagez.Parce que sinon un jour ça va péterNous voulons vivre, nous voulons apprendre.Nous voulons grandir,Et nous vivrons. La merde amortit les chocsMieux que les Porsche ou les Bentley.Nous ne voulons pas nous battre.Mais il faut le faire puisque vous nous y poussez.Quand on est dans la merde jusqu’au cou, on a pas le choix de se lever.lever la tête, lever la voix.Lever le poing.Nous survivrons.Nous vivrons.
Les fleurs poussent dans l’fumier
P.S. : Pour suivre Jean Barbe sur Twitter, c'est par ici : https://twitter.com/#!/jeanbarbe
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