Avant d'envisager avec vous, amis lecteurs, la représentation dans un futur proche de l'apport de produits spécifiques ne ressortissant plus au domaine de la nourriture, j'aimerais aujourd'hui, devant la vitrine 4 ² de la salle 5 du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre exposant une quarantaine de fragments peints provenant du mastaba de Metchetchi, poursuivre l'évocation d'offrandes au défunt semblables à celles que nous avons rencontrées, le 28 février dernier, évoluant toujours vers la droite ; c'est-à-dire, souvenez-vous, faisant partie des registres du mur sud de la pièce.
Permettez-moi de simplement rappeler que cette convention quant à la direction empruntée par ces défilés de serviteurs du ka était tributaire du fait que, sur le mur du fond, à l'ouest donc, c'est-à-dire là où se situait l'empire des morts, étaient gravées les stèles fausses-portes au pied desquelles certains membres de la famille se devaient de déposer les offrandes alimentaires sur une pierre destinée à cet effet.
Et dans le droit fil de ce rendez-vous que nous eûmes le 3 mars pour évoquer les différentes
manières de sacrifier un oryx, j'escompte, dans un premier temps, évoquer ce nouvel éclat de 15 cm de hauteur et 23 de long, (E 25535), malheureusement fort endommagé, dont nous devons le cliché à l'excellence de SAS,
(Merci Madame),
et qui, manifestement, devrait éveiller en vous quelques souvenirs, récents ou plus anciens.
Si d'une main, cet homme agrippe deux ou trois canards, c'est surtout de ce qu'il tient de l'autre qu'il m'intéressera dès ce matin de vous entretenir : vous distinguerez en effet qu'il porte une patte de boeuf.
Comme celle, rappelez-vous, qu'un peu plus avant dans cette même vitrine, nous avions entraperçue chez un autre
serviteur se dirigeant quant à lui vers la gauche, précédant son collègue portant un vase de sang.
Comme aussi, en la précédente salle 4, dans la chapelle funéraire du mastaba d'Akhethetep que nous avions visitée en octobre 2008
Ce geste d'emporter le khepech, pièce de choix, selon ce qu'affirment les textes, faisait partie intégrante d'une thématique iconographique récurrente au niveau des reliefs et des peintures funéraires : nous en avions vu un autre exemple en décembre 2008 dans la chapelle d'Ounsou, toujours en salle 4, au registre supérieur du fragment (N 1393) :
il s'agit de ce que les égyptologues ont pris l'habitude de nommer scène de boucherie.
Même si, à plusieurs reprises, les animaux vivant en hordes sauvages aux marges du désert firent l'objet de sacrifices - je pense à la gazelle, à l'antilope et surtout à l'oryx -, force est de reconnaître que, pour la plus grande majorité de ces figurations, ce fut celui du boeuf - animal apparemment le plus consommé par les classes aisées de la société -, que les artistes égyptiens nous donnèrent à voir.
Semblables représentations, il faut le savoir, générèrent naguère cette antienne que tant je décrie : l'art égyptien ne serait qu'accumulation de poncifs. Que triste monotonie. Qu'insupportable tautologie !
Faisons fi, une fois pour toutes, de ces exaspérants clichés dans le chef de certains critiques et abordons sans plus tarder le sujet précis pour lequel j'ai souhaité la petite introduction d'aujourd'hui.
Mon propos, vous le constaterez, ne portera pas sur les différentes races de bovidés que connut l'Égypte dans la mesure où, en mai 2009 déjà, je vous en avais succinctement proposé une nomenclature - qu'il serait peut-être intéressant de vous remettre en mémoire. Aussi, me contenterai-je de simplement signaler que, le plus souvent, ce fut le boeuf ioua, engraissé en étables pour la circonstance, qui eut l'honneur de cet abattage frappé au coin du rituel ; le nega, boeuf des prairies, plus farouche, plus maigre aussi - ceci pouvant expliquer cela -, fut quant à lui bien plus rarement choisi.
Après de nombreuses années, les égyptologues ne se sont toujours pas accordés pour déterminer avec certitude si ces scènes de dépeçage rendent compte de ce qui se passait couramment dans les domaines d'un Ty, d'un Mererouka, d'un Metchetchi ou s'il s'agit d'un sacrifice ponctuel, c'est-à-dire effectué lors de l'enterrement du maître du tombeau, voire à une quelconque date anniversaire commémorant son souvenir.
Quoi qu'il en soit, leur récurrence au bas des parois des chapelles funéraires, l'abondance des détails qui les distinguent les unes des autres, tous ces signes prouvant l'importance qui leur était accordée appellent d'évidence quelques approfondissements.
Raison pour laquelle, amis lecteurs, il m'agréerait que nous nous revoyions ici le13 mars prochain.
A mardi donc, pour autant qu'à nouveau l'évocation de sacrifices sanglants ne vous rebute pas trop ...