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Les derniers jours de Stefan Zweig par SOREL & SEKSIK

Par Bouquineuse

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"Après avoir fui le nazisme, Stefan Zweig et son épouse Lotte croient fouler au Brésil une terre d'accueil, loin du chaos qui embrase l'Europe. Mais la menace rôde jusqu'au fin fond de l'exil. Comment l'écrivain humaniste, rescapé du "monde d'hier", échapperait-il à ses démons ? " (note éditeur)

Après avoir fui l’Angleterre et les Etats-Unis, l’écrivain Stefan Zweig et sa compagne Lotte s’exilent au Brésil, avec l’espoir de s’éloigner définitivement du IIIème Reich. Ce juif autrichien en quittant sa terre natale pour une vie meilleure, reste tourmenté par cette guerre qui ravage l’Europe. Pessimiste sur l’avenir du vieux continent, accablé par la disparition de plusieurs de ses proches, Zweig est anéanti par une profonde mélancolie. Homme de lettres, il poursuit son œuvre sur Balzac, sans conviction, tandis que sa jeune épouse, qui est aussi sa secrétaire, découvre Rio avec enthousiasme. Petit à petit l’ombre du régime nazi grignote l’horizon brésilien, Zweig désespéré, décide de mettre fin à ses jours, Lotte très éprise, accepte de le suivre dans son dernier geste.

Inspirée de l’histoire réelle de ce grand écrivain, cette bande dessinée est aussi l’adaptation du livre éponyme de Laurent Seksik. Retraçant les derniers mois d’un homme anxieux, blessé dans son âme et profondément dépressif, cette bande dessinée raconte le cheminement intellectuel de Zweig, pour qui la vie n’a plus lieu d’être. C’est aussi l’histoire d’une femme amoureuse, au dévouement inconditionnel, prête à renoncer à la vie pour ne pas se séparer de l’homme qu’elle aime.

Porté par un graphisme épuré et des dessins à l’aquarelle sur une palette de couleurs assez sombre, le récit tragique de cet écrivain lucide et de son épouse fragile ressemble à une élégie. La montée en puissance du drame de cette fin de vie est accentuée par la joie de vivre de Lotte, renaissance d’une femme jeune et pleine d’espoir. Sa nostalgie pour Vienne, sa famille, son amour de la danse, la robe rouge si festive qui dit tout de son besoin de légèreté : tout dans son envie de croire en un futur meilleur se rompt à mesure de la dégradation progressive de l’humeur de Zweig, qui a perdu le goût de vivre et dont la décision est déjà prise.

Conclusion : Un très bel album, romanesque et poignant, en hommage aux derniers instants de ce grand écrivain autrichien. Ma note : 17/20.

Pour en savoir plus :

Paru chez Casterman / Février 2012

88 pages

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