Magazine Culture

Jeremy Udden - "Plainville" 2009 Fresh Sound Records

Publié le 09 mars 2012 par Audiocity

Plainville, petite bourgade du comté de Norfolk dans le Massachusetts perdue entre Boston et Providence, vous ouvre ses portes et sa campagne en compagnie de son plus fidèle représentant, le saxophoniste régional Jeremy Udden, un enfant du pays, défenseur de l'art de vivre local et des mélopées pastorales qu'elle lui inspire. Suivez le guide. La musique de ce  très bel album folklorique mêlant rêve et réalité se distingue à elle seule des productions de jazz "habituelles" que l'on retrouve dans les bacs des distributeurs. Jeremy Udden l'a écrite en s'inspirant de sa jeunesse et du souvenir de ses premiers émois auditifs d'adolescent lorsque, auprès de son père, il découvre les Beatles, le rock, le ska, le folk ou le jazz. Autant vous le dire tout de suite, c'est un véritable coup de coeur pour moi qui ne l'ai découvert que récemment.

Saxophoniste très facilement identifiable au son rond et chaud encore très peu connu en France (ça ne devrait pas durer), il a composé tous les titres de l'album avant de les soumettre à ses musiciens avec qui il entamera une série de concerts très remarqués à New York. Le groupe a du caractère et ne manque pas de surprendre son auditoire. Entouré de ses fidèles compagnons de route, Pete Rende (orgue à pompe, Rhodes, pédale steel guitare), Brandon Seabrook (banjo, guitare électrique et acoustique), Eivind Opsvik (basse), RJ Miller (batterie), et d'invités venus prêter main forte, Nathan Blehar (guitare), Mike Baggeta (guitare électrique), et Justin Keller (sax ténor), la formation mettra plus d'un an à peaufiner l'écriture des 9 titres, puis finalement, après que chacun y ait incorporé son grain de sel au fur et à mesure que les prestations s'enchainent, il enregistre ce disque éponyme en février 2008.

Unique en son genre, "Plainville" évoque avec talent et précision la douceur des jeunes années passées par Jeremy Udden dans ce patelin de 8000 âmes. Il replace l'Homme et la nature au centre de nos considérations de citadins, redonne de la noblesse à toutes ces choses essentielles que nous délaissons au profit d'ambitions bien plus secondaires. Il associe musique, créativité et lyrisme, partage et simplicité, avec une singularité rare. C'est aussi un disque plein d'espoir et de finesse qui parle de l'enfant que nous avons tous été, à Plainville ou ailleurs, qu'importe, et de notre émerveillement d'alors pour les choses de la vie. Un conte à ciel ouvert commençant par le traditionnel "il était une fois...." et qui s'attarde sur les moindres détails de notre mémoire. Malgré une association d'instruments plutôt atypiques dans le milieu du jazz (surtout pour le banjo), ou encore une écriture engagée et distante des standards du genre, le groupe est parvenu à créer une symbiose parfaite entre toutes ces sonorités, réussissant à varier les effets et les notes sans la moindre défaillance de style. L'écriture riche et moderne entre ballades folk ou rock légèrement saturées surprend par son authenticité et son charisme. Ca sent la vie à pleine dents et la liberté des grands espaces. Priorité à la mélodie; Jeremy Udden se permet l'impensable et réussit son pari avec tact et brio. Le fruit est mûr et juteux, prêt pour la dégustation. Attention, possible madeleine de Proust en stock.
Amazon iTunes Officiel

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Audiocity 526 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines