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Pascal MARMET - A la folie : 8-/10

Par Eden2010
Pascal MARMET - A la folie : 8-/10

Pascal MARMET – A la folie : 8-/10

Une chose est certaine : l’auteur se dévoile quand il se plonge dans les mystères !

Après son roman « Si tu savais », Pascal Marmet nous surprend ici dans un genre nouveau qui lui sied fort bien.

« A la folie » commence en douceur, avec un petit mystère, puis l’écrivain nous présente quelques caractères principaux, nous entraîne comme en bavardant … et imperceptiblement l’intrigue s’accélère, prend des tournants, et sans pouvoir parler de rebondissements le récit nous amène bien plus loin qu’on ne l’imaginait au début. Le suspense s’installe de façon subtile et le lecteur est presque surpris de découvrir qu’il est en train de tourner fébrilement les pages !

L’intrigue :

Tout commence par un décès, celui d’un notaire à Paris, Maître Saltz. Après sa disparition, onze cahiers manuscrits, issus d’une succession ancienne, devront être remis à leurs destinataires.

C’est ainsi qu’est convoqué en l’étude notariale Pascal Langle, la quarantaine, propriétaire d’un théâtre à Nice. Pascal ressemble à tous ces hommes du même âge que vous pouvez croisez dans les rues de Nice, sauf qu’au fond de lui se cache une blessure profonde, un amour jamais oublié dont les cicatrices ne s’effacent pas malgré le temps qui passe et les efforts de Pascal pour tourner la page.

Le legs qui lui est remis dans l’étude de Maître Saltz n’arrangera pas les choses, puisqu’il s’agit du cahier « numéro 11 », écrit de la main de Ludmilla, son amour décédé onze ans plus tôt. Les fantômes de son esprit refont surface, les plaies à peine fermées se rouvrent et Pascal s’interroge sur les destinataires des dix autres cahiers …

En même temps, une jeune fille volontaire, Joanna Marcus, se débat pour sortir enfin d’une situation difficile dans laquelle elle est née. Enfant de la DDASS, elle n’est jamais parvenue à trouver une situation stable, alors même qu’elle est pleine de talent et déborde d’énergie. Avec audace, nous la voyons franchir les portiques de l’impressionnant building parisien qui héberge la rédaction de « L », ce magazine féminin dans lequel elle souhaite être embauchée.

Joanna, dont nous suivons le parcours avec un plaisir certain, recevra elle aussi une convocation afin de se rendre dans l’étude de Maître Saltz. Elle héritera du cahier numéro 3.

Tout pourrait se dérouler le plus naturellement possible. Nous l’imaginons déjà : Pascal est à la recherche de son passé, Joanna du sien. Leurs chemins se croisent, oui, nous l’avons deviné, futés que nous sommes - mais leur rencontre est bien moins paisible que les deux (ou nous) n’auraient pu l’imaginer, l’histoire ne fait que commencer, puisque …

Et bien, je ne vous en dirais pas plus. Je vous signale simplement que bien que Pascal et Joanna soient les premiers personnages introduits, ce ne sont pas les seuls « personnages principaux », d’autres caractères se joindront à ce voyage qui nous amènera bien au-delà d’un simple passé secret et douloureux.

Le passé rejoindra le présent de façon insidieuse, menaçant l’avenir (wow, quelle phrase pleine d’emphase, je devrais l’effacer – mais j’aime bien me donner des raisons d’avoir honte de moi-même de temps à autre).

Un roman suspense entraînant

Sans être le roman le plus palpitant que j’ai pu lire, je ne peux faire autrement que souligner le plaisir de lecture !

On ouvre le roman, on se plonge dans la vie de Pascal, puis dans celle de Joanna, on les suit en souriant, en fronçant les sourcils, on se dit « je lirai encore un chapitre », puis « encore un » - et nous voilà déjà au bout du livre bien trop court avec ses 175 pages.

Les personnages :

L’auteur dépeint ses deux premiers caractères, Pascal et Joanna, avec beaucoup de soins, on s’attache, on suit Pascal dans sa morosité dont on aimerait le sortir, puis l’entraînante Joanna qui s’élance d’un pas presque guilleret à l’assaut d’un chemin ardu vers un avenir incertain (je pourrais faire ici une remarque féministe, mais je me retiens), on les voit, on les sent.

J’aimerais surtout souligner ici l’audace de l’auteur qui a osé l’exercice toujours difficile qu’est celui d’un homme qui se glisse dans la peau d’une femme, exercice qu’il réussit clairement, même si au détour d’une phrase on reconnaît le regard bien masculin, malgré ces quelques détails qui trahissent clairement le mâle (et le « truc » de mordre un bout de papier toilette, ce n’est pas une astuce de mannequin mais plutôt de grand-mère, toutes les filles le font dès application de leur premier rouge à lèvres).

Donc, une vraie sensibilité, une plume légère qui s’améliore au fur et à mesure des chapitres. Si au cours des premières pages on reconnaît encore aisément l’auteur de « Si tu savais », dès le deuxième chapitre le style s’adapte au genre et nous emporte dans son élan.

Comme je le disais dans mon introduction : je préfère clairement l’auteur dans les romans suspenses ! Ou simplement dans sa progression ….

Mais revenons-en à notre sujet : les personnages du roman.

Donc, jusqu’ici, pas de faux pas.

Malheureusement, les autres caractères, introduits par la suite, le sont trop rapidement, et ils restent dès lors à l’état d’ébauche ou de stéréotype. Nous avons la jeune fille « grosse-tête » et croyante, ou encore la fille de militaire et « virile », la méchante bipolaire … Un peu plus de nuances aurait apporté de la vie à ces personnages qui manquent de crédibilité. C’est ici qu’on aurait pu allonger le roman sans craindre de lasser.

D’ailleurs, l’évolution des différentes filles, leur changement d’attitude n’a pas de crédibilité, on ne peut pas changer sa nature profonde en deux mois (et les cheveux coupés en brosse ne repoussent – malheureusement - pas assez en deux mois pour être attachés en queue de cheval ou être considérés comme « mi-longs »).

Début, milieu … et fin :

J’ai tourné les pages sans m’apercevoir, passant d’une histoire agréable à un livre suspense intriguant !

Les deux premiers tiers, voire même les trois premiers quarts sont réussis, mis à part les personnages qui manquent de relief (ce qui n’enlève rien à l’intrigue ou au suspense).

Mais après un excellent début et un milieu qui nous entraîne loin vers une intrigue insoupçonnée, nous sommes déçus par une fin trop … rose. Trop mièvre. Et tous ces personnages secondaires qu’on croise dans les dernières lignes et qui sont si profondément touchés par une situation (un petit frisson involontaire vient de me parcourir, certainement pour me débarrasser de la sensation désagréable et collante laissée par ce côté mielleux qui était bien plus que superflu), c’en est ridicule.

Le début du roman est trop réussi pour qu’on ne soit pas un peu désolé de cette fin qui nous surprend, comme sortie d’un autre livre, d’un autre genre.

Attention, ceci n’a rien à voir avec l’intrigue, qui s’achève comme il faut, comme l’auteur l’avait certainement planifié. L’idée est poussée jusqu’au bout et elle est bien pensée.

Peut-être l’auteur craignait-il de heurter, ou avait-il peur de laisser parler son côté obscur – qui pourtant, dans la première partie du livre lui convenait si bien ? Bref, une fin trop « américaine » (aahh, empêchez-moi de dire, je ne peux pas, il faut que je le dise ….. un vrai « happily ever after »).

Pour finir, on relève quelques toutes petites incohérences ou erreurs sans aucune gravité, comme ces cheveux qui poussent comme ceux de Raiponce : les pièces et billets de l’euro n’ont été introduits qu’en janvier 2002, on pourrait être un peu plus étonné de les voir dans certaines circonstances (hmm ? pas clair ça ? mais les cahiers remontent à loin… (hihi, je tente de noyer le poisson pour ne rien trahir, du coup même moi j’ai du mal à saisir)), et l’épisode de la garde-à-vue m’a fait sourire, ce n’est pas vraiment ainsi, ni dans la réalité, ni dans la théorie : si c’est le procureur (ou un OPJ habilité) qui place une personne en garde-à-vue, ce n’est certainement pas le procureur qui commet d’office ou désigne un Avocat d’Office ! Cela reste le Bâtonnier de l’Ordre qui désigne les Avocats d’Office, et lors d’une Garde à vue c’est généralement l’Avocat de garde qui contacté - oui, par l’OPJ, mais ce n’est pas lui qui le désigne, mais l’informe de ce qu’une GaV vient de débuter (ah, je me souviens de ces appels en pleine nuit, m’appelant à la caserne Auvare, oh, nostalgie…). Puis …. mais là, je vais un peu trop loin, non ? Bon, j’arrête, je vous gave, j’ai compris. En plus, ce n’est pas important.

Tout cela pour dire que quelques petits heurts traversent le récit, sans toutefois gêner le moins du monde. Je ne sais même pas pourquoi je les soulève, mais c’est mon plaisir tout personnel.

Dans l’ensemble, c’est un très bon roman suspense que je conseille avec plaisir, malgré sa fin un peu trop chamallow. J’aurais juste préféré qu’il soit un peu plus long !!

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