Par UglyFrenchBoy
P.S. You're An Idiot // You're Way Too Pretty To Go To Jail
1 150 000 tlsp. // 1 250 000 tlsp.
Ringer me rappelle par certains aspects Damages… N’imaginez pas une seconde que je puisse mettre sur un pied d’égalité ces deux séries. Force est de constater qu’il existe bel et bien des analogies. Bien sûr, Sarah Michelle Gellar n’a ni la carrure, et encore moins la carrière, de Glenn Close. Évidemment, les deux productions ne disposent pas du même budget et ne s’adressent pas, du fait de leur diffuseur, à la même cible. Quand l’une doit produire en flux tendu 22 épisodes, l’autre bénéficie d’un laps de temps plus important pour en concocter une dizaine. Et si Ted Danson, Lily Tomlin, Marcia Gay Harden et Dylan Baker ont fait confiance à la première, la seconde a, elle, vu défiler Michelle Stafford, Jason Dohring, Misha Collins ou encore Andrea Roth. Le jugement est sans appel, encore eût-il fallu qu'il y en ait eu… Je pourrais commencer à aborder les ressemblances entre les deux fictions en citant Mädchen Amick, guest à la fois dans Damages et Ringer, mais ce serait bien trop simple, et surtout inutile vu l’anecdotique apparition de l’actrice dans cette dernière.
Chacune des deux séries plante le décor avec une héroïne plongée dans un univers qui lui est étranger. Une descente à l’issue de laquelle personne ne ressort indemne. La redoutable Patty Hewes a sous ses griffes la candide Ellen Parsons et les deux femmes entretiennent une relation antagoniste et complexe. Un de mes confrères a décrit ce lien comme si les intéressées « représentaient les deux faces d'une même pièce ». Une comparaison que l’on pourrait appliquer aux jumelles de The CW et l’on attend avec impatience que la nouvelle venue fasse chavirer l’autre. Pour autant, tout comme les personnages incarnés par Glenn Close et Rose Byrne, le portrait des deux héroïnes n’est pas unidimensionnel. Pas de place au manichéisme. « Personne n'est blanc ou noir : tout est gris », résumait Ted Danson en décrivant Damages. Des propos tenus au mot prés par Eric Charmelo & Nicole Snyder, créateurs de Ringer. Ces derniers ne se sont pas trompés. Dans l’épisode "P.S. You're an Idiot", Andrew, l’un des rares personnages monochromes, prend de l’épaisseur. Quant à l’agent Victor Machado, il montre les limites de son sens de l’éthique avec sa relation avec la strip-teaseuse Shaylene (Nikki Deloach). On comprend alors mieux cette traque et les motivations du professionnel à vouloir coffrer coûte que coûte Bodaway Macawi, au risque même de mettre la vie de Bridget en jeu. Une semi-aliénation qui rattrape (presque) l’ennui de l’enquête au cours des précédents épisodes.
Pour revenir à l’œuvre de FX et DirecTV, comme chacun sait, sa construction narrative éclatée fait sa particularité. Le téléspectateur est baladé jusqu’à assembler morceau par morceau les pièces d'un puzzle. On sent dans l’écriture de la série avec Sarah Michelle Gellar une volonté de faire de même en multipliant les flashbacks, à défaut de pouvoir compter sur une chronologie vraiment déstructurée. Le problème majeur reste qu’il ne s’agit que d’un effet, souvent dispensable puisque n’apportant pas toujours des informations essentielles à la compréhension de l’intrigue. Le tout dans une atmosphère trop obscure en comparaison à ce que le public de la chaîne jeunesse peut appréhender. À l’antenne, celui-ci passe donc de références à Manolo Blahnik à… Bernard Madoff. C’est là où je ressens un certain enthousiasme : cette audace d’évoquer l’homme d’affaires américain et d’incorporer une chaîne de Ponzi à l’histoire, sans doute prévue dans les grands arcs narratifs lors du développement de la série pour CBS. La notion m’était étrangère, je l’avoue, et Ringer aura eu au moins le mérite de me l’enseigner. Pourtant, le cas de figure a déjà été vu dans… Damages ! Au cours de la saison 3, le cabinet Hewes & Associates poursuivait en effet Louis Tobin, responsable de la banqueroute de nombreuses personnes via le même procédé.
Bien sûr, Damages et Ringer ont aussi des défauts communs, comme des séquences assez artificielles et des facilités, à l’instar des déplacements à l’étranger. Les personnages de Siobhan et Tyler vont et viennent entre Paris et New York comme s’ils allaient faire leurs courses au supermarché du coin, sans passer par le décalage horaire ni les heures d’attentes avant l’embarquement. Au cours de la quatrième salve de Damages, il en était de même avec les voyages des protagonistes entre Manhattan et l’Afghanistan. Mais j’avoue qu’il est bien plus facile de pardonner à la première ce manque de réalisme qu’à sa grande sœur pour lesquelles les exigences sont forcément élevées.
// Bilan // Ringer n’est pas Damages et ne le sera jamais. Mais quitte à reprendre certains codes et utiliser des références communes avec une autre production, il est sans doute plus judicieux de le faire avec les péripéties de Patty Hewes que celle des frères Scott ou de Serena van der Woodsen et sa clique. Les deux derniers épisodes prouvent une fois de plus que Ringer a de l’ambition, sans doute trop, mais elle n’empêche nullement cette série à tiroirs de rester un bon divertissement.