Je ne suis pas mort

Publié le 09 mars 2012 par Alteroueb

Cette période électorale a décidément des relents étranges. Pas un seul sujet de discussion n’échappe au prisme de la remise en cause inutile, parfois gratuite, souvent polémique. Jamais la famille des mots issus de «mensonge» est autant utilisée, et certains concepts refont surface avec plus ou moins de finesse. Dans cet exercice du grand n’importe quoi, ce n’est pas un billet de Rue89, annonçant la mort des blogs politiques, qui me contredira.

Je ne suis blogueur que depuis presque 2 ans, et publie des billets dont la portée n’est pas que politique à mon rythme, sans m’imposer de règles. Un billet tous les 2 ou 3 jours. Je ne suis guère influent, et ne souhaite d’ailleurs pas l’être car cette étiquette me donnerait des obligations, voire des responsabilités que je ne veux pas endosser. Derrière cette activité, il y a certes un engagement personnel, un ressenti du monde qui tourne plus ou moins bien, mais il y a essentiellement une dimension plaisir, convivialité, rencontre, partage, à laquelle je tiens et que j’ai perçu chez beaucoup d’autres blogueuses et blogueurs politiques. Les habituels railleurs diront certainement que je cède à la facilité. Evidemment.

Cela sentirait dont la fin des blogs politiques ? Ce type d’affirmation, du reste assez récurrente dans certains médias au format très proche du blog, m’amuse. Les constats de ce genre montrent un étonnante méconnaissance du sujet, ou plus grave, un transformation de la réalité, très à la mode en ce moment. On compare une chèvre à un choux pour en retirer des conclusions douteuses. Désolé, mais pour moi, les blogs politiques et réseaux sociaux ne sont pas comparables et le format «blog» est loin d’être obsolète puisqu’il est repris par l’intégralité de la presse en ligne et autres agrégateurs. Et surtout, le blogueur n’est pas contraint au scoop, à instantanéité, ni aux exigences liées à l’actionnaire ou aux marchés publicitaires…

Ce qui est vrai en revanche, c’est la reprise en main du web, la perte de son image alternative, une forme à peine masquée de privatisation, de confiscation de l’outil, auxquelles participent des Lois comme LCEN, DADVSI, LOPPSI, HADOPI et au-dessus, SOPA, ACTA… Dans ces nébuleuses, ce sont les modes d’expressions individuels tout court qui sont menacés d’extinction pure et simple. Le vrai danger pour l’avenir est là : l’arsenal répressif et de censure est quasiment en place, la neutralité du réseau déjà une illusion, le filtrage des flux une certitude.

La réalité d’aujourd’hui en matière de blog politique semble bien différente : ils ne sont pas morts, loin de la. C’est un monde en perpétuel renouvellement. La principale raison est certainement la tentative de débauchage en masse de blogueurs pour alimenter des pure-players et sites de presse en ligne, évidemment gratuitement. Décréter la mort des blogs politiques est un rien manipulatoire en période électorale quand les grands quotidiens peinent à vendre, quand les journalistes font face à la défiance du citoyen, quand les blogs de droite ont disparu des classements et autres outils d’évaluation de la blogosphère.

Pour un temps, il reste un espace immense d’expression sans contraintes, et c’est bien ce point qui gêne les grands pouvoirs, qui fait de l’ombre. Avec un peu de bouteille et de jugeote, on prend vite l’habitude de démasquer les trolls. Affirmer est une chose, la réalité en est une autre.

Tout est finalement dans la taille de la ficelle