Theresa Hak Kyung Cha (1951-1982) était une artiste américaine d’origine coréenne qui s’exprimait par la performance, la vidéo et la poésie. Bien qu’elle ait disparu prématurément (tragiquement tuée par un fou), elle continue à influencer des artistes actuels ainsi que le mouvement postmoderne critique dans certaines universités américaines, par sa conceptualisation originale de thèmes comme le langage naissant de la mutité ou l’aliénation transcendée. Son livre principal Dictée (1982) comprend neuf chapitres correspondant aux neuf Muses de l’antiquité grecque. Ainsi dans « Clio » l’Histoire est représentée par une jeune Coréenne martyre de la lutte contre l’occupant japonais, colligeant vieilles photos, archives et lettres. Dans « Calliope » (poésie épique) on suit le récit de la mère de l’auteur qui, son langage interdit, fuit vers la Chine et est sujette à des hallucinations induites par la famine. L’écriture en prose hybride est instable, se dissout souvent en vers, se dédouble par autotraduction en deux langues (l’américain de l’immigration et le français de l’école missionnaire), ou scinde le texte en deux perspectives parallèles séparées par des rectangles blancs comme des écrans vides. Quant à ses poèmes de performances, ils ont été recueillis dans le volume Exilée. Le jazzman avant-gardiste John Zorn a composé une belle musique également intitulée « Dictée », hommage inspiré par l’œuvre poétique de Theresa Hak Kyung Cha.
Bibliographie :
Dictée (1982), University of California Press 2001
Exilée / Temps Morts, University of California Press 2009
voir aussi :
The Dream of an Audience, University of California Press 2001 (catalogue d’exposition et analyses de son oeuvre artistique)
Sitographie:
- quelques photos des performances de Theresa Hak Kyung Cha :
- trois poèmes visuels
- une courte description en français de ses films :
- une longue étude érudite sur Dictée (en anglais) :
- extrait vidéo d’une mise en scène de Dictée par une jeune compagnie de théâtre (en anglais) :
http://vimeo.com/33350973
[Jean-René Lassalle]