[Feuilleton] Mont Ruflet d'Ivar Ch'Vavar - 39/41

Par Florence Trocmé

Mont-Ruflet 
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar 
39e épisode 
Résumé de l’épisode précédent : Les femmes ont pris à un moment donné, subrepticement, le pouvoir dans ce poème. Elles dégrossissent leurs hommes avec le « coupe-coupe de l’ironie » et en font de gentils toutous. Noël passe, l’image poétique est cruauté : torsion ensemble de deux irréconciliables. 
 
Il importe de produire soi-même ces images, bien sûr, ‒ parce 
Que, ce qui est important c’est comment elles se fabriquent et 
Les mystères de l’Inspiration... Eh bien, ce poème, jamais je n’ 
Ai pu le faire – en français du moins (aujourd’hui je pourrais,   (1980) 
J’ai acquis cette liberté, oui, car il s’agit de cela aussi, au cours 
De ces quatre ou cinq dernières années). Ça ne marchait pas !  
‒ Il a fallu que je passe au picard,  langue que j’ai faite toute à 
Ma main, pour qu’un tel poème s’écrive, ce fut Lucie à ‘p plaje, 
Dont  je n’ai d’ailleurs pas pu donner une traduction lisible en 
Français. Retenons cela : une image, d’abord, c’est le mélange 
Forcé, la « torsion ensemble » de deux objets aussi... Pierre Re 
Verdy disait  :  aussi éloignés que possible l’un de l’autre (défi 
Nition qu’il aurait paraît-il piquée à... Georges Duhamel, si !) 
mais.. « éloignés » ça ne suffit peut-être pas : opposés, voire : ir   (1990) 
Réconciliables.Ensuite, cette idée d’arrachement, incluant cruau 
Té et caricature. L’image sort de ses gonds, est-ce que même...  
Elle ne serait pas surtout dans cette sortie ? ‒ Parce qu’elle ne 
Peut se tolérer elle-même, c’est chien et rat dans le même sac ! 
Et pourtant elle est nécessaire : l’amour est derrière cette haine, 
Cette incompatibilité viscérale. – Je tâtonne... je tâtonne... et je 
Sens que j’ai quelque chose au bout de mes doigts, là. Ô, Lect 
Eur ! touche un peu voir toi aussi..  Tu sens, tu sens ? Il y a un 
Truc, là. ‒ On tire dessus...  Pas trop fort, que ça ne casse pas... 
Oh ça vient... ça commence à venir.. Doucement, doucement !   (2000) 
N’allons pas trop vite en besogne... C’est un fil oui, un gros fil 
Fil de sens... Il vient pincée après pincée...  (je ne pense pas : je  
N’ai pas cette capacité, mais je pince, ça oui, et même avec déli 
Catesse si je veux). 
                                          À sa blondeur brune, à son teint hâlé 
D’une pâleur – la corneille du ciel de Wailly, qui tourne, brait 
Son hommage et son agrément. Par ces sapins, qu’elle soit là ! 
Par ces bois. La belle Oxymore. ‒ Oh ! mais c’est que tu es tou 
Te ce lieu. Et le parc, et le château.  Ce lieu où le loup s’est cou 
Lé  ;  où le garde-chasse a relui (et il s’essuie le front du dos de 
La main, un peu confus)... Où la carriole a grincé, en tournant   (2010) 
Le vingtième siècle  (emportant d’autres fiancés sur les gravill 
Ons rosés)... La tourelle est restée telle. L’ardoise, telle, étincel  
Le. Le haut des sapins bascule du matin vers les soirées (bon ! 
Ça sent la fin, quoi ! inutile de se presser ce kleenex sur le nez 
). Mais à cette heure arrêtée (fixée d’avance et... arrêtée, quoi), 
Ton corps emplit tout l’espace du vieil exil et l’azur – laisse qu 
E ton cil le raie (autrement dit la princesse Oxymore dans son 
Exil... enfin, il n’y a qu’elle, là ; elle prend toute la place et elle 
A grandi dans notre fantasme aux dimensions du lieu,  jusqu’ 
Au ciel – l’azur – qui laisse, c’est beau, ça, hein ? qui laisse, que   (2020) 
Son cil, à elle, le raie, lui. Oui, elle lève un œil, comme on dit...  
Et son cil, singulier poétique, mis pour « ses cils », raye l’azur.  
Oui ça me plaît bien ce passage. Je vois bien tout et... je dirai... 
Ah ! ça m’émeut...). – Certes l’époux t’a montée. Longuement, 
Il t’a broutée, cherchant le clair, le foncé (elle est brune et blon 
De, la belle Oxymore ; ou brune mais blonde, oui, plutôt ça, et 
On a vu... cette « torsion-ensemble » de deux éléments antago 
Nistes dans l’image, et Oxymore est une image, une figure) et

40ème et avant-dernier épisode le lundi 12 mars 2012