Je n’aime guère les commémorations qui tournent souvent aux litanies flagellantes et compatissantes, vite oubliées la célébration passée. Même si le devoir de mémoire (qui a parfois trop bon dos) est nécessaire dans une société qui consomme l’histoire comme un soda trop frais. N’empêche, la commémoration est souvent le moyen hypocrite de nous exonérer de faire bouger les lignes…
Hier donc, nous commémorions la journée de la femme, une journée entière dédiée à celles qui composent la moitié de l’humanité ! Une journée c’est bien peu, faut-il le rappeler… Le jour où ladite humanité aura cessé de consacrer seulement 24 heures aux femmes, on pourra dire qu’elle aura sérieusement progressé.
En attendant, il demeure que des millions de femmes continuent à être mal traités dans le monde, chez nous et ailleurs ; qu’à travail égal, les femmes sont toujours moins payées que les hommes ; que les femmes ne parviennent toujours pas à traverser le plafond de verre étant moins de 10-15% à pouvoir atteindre les postes à responsabilité squattés par les hommes ; que près de 50 000 d’entre elles sont mortes l’année dernière pour avoir subi un avortement clandestin, etc. On peut aligner les chiffres et les exemples de cette maltraitance qui dure, dure, dure… Et apparemment ce n’est pas près de changer.
Dans son livre « La femme seule et le Prince charmant » (Nathan), le sociologue du couple Jean-Paul Kaufmann explique qu’une majorité de femmes croit au Prince charmant, à l’homme idéal, à l’amour, alors que pour la plupart des hommes, l’échange sexuel est prioritaire : au-delà du coup de rein, point de salut ! « Les hommes rompent parce qu’ils éprouvent une baisse du désir physique. Les femmes parce qu’elles sont insatisfaites de l’attention qu’on leur porte, » souligne-t-il.
Alors, si la gent masculine voulait bien porter un peu plus d’attention aux femmes, non pas le 8 mars, mais 365 jours par an, si la gent masculine voulait bien ne pas regarder les femmes à l’horizontal, mais à la verticale, les yeux dans les yeux, main dans la main, si la gent masculine…