Marin Marais, l'âme française

Par Amaury Piedfer
Certains aiment la France quand elle s'efface, quand elle se fond dans l'universel. Nous, nous l'aimons quand elle s'affirme, quand ses fils et ses filles regardent le monde avec arrogance. Nous aimons quand sa civilisation multi-séculaire s'exprime sans entrave.
Au XVIIème siècle, la civilisation française connaît sans doute, malgré les difficultés récurrentes du monde rural, un moment de gloire privilégié. Le royaume de France domine sans conteste l'Europe, ses marins normands, bretons, basques sillonnent le monde et ses peintres, ses architectes, ses musiciens et ses écrivains émerveillent par-delà les frontières. Pourtant, point trop de métissage en ce temps.

Parmi les génies français de ce siècle, dont l'inventaire serait bien fastidieux, Marin Marais (1656-1728) est probablement une figure un peu à part. Ce musicien atypique, fils d'un simple cordonnier parisien, fut en quelque sorte l'incarnation des derniers feux de la Renaissance, alors que déjà, le ballet investit les cours et les salons. Ses pièces de viole envoûtantes donnent au genre son apogée, un apogée qui laisse la place à un rapide déclin. Rameau arrive.Le mucisien a inspiré le très beau roman de Pascal Quignard, puis le film d'Alain Corneau (1991), Tous les matins du monde, avec J.-P. Marielle, Depardieu père et fils et Anne Brochet ; une grande réussite et une belle manière de découvrir Marin Marais et la musique de son temps.Voici deux extraits de l'oeuvre de Marin Marais. Il suffit de se laisser aller par cette musique qui a traversé les âges pour faire vibrer son âme.

Marche pour les matelots, extraite de l'Alcide (1693), écrite en collaboration avec Louis Lully, fils aîné du grand Lully :


Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont de Paris, plus représentative encore de l'oeuvre de Marin :


Pour en savoir plus : http://www.musicologie.org/Biographies/marais_marin.html

Amaury Piedfer.