La levée de boucliers des partis d’opposition et de certains médias en dit long sur notre refus collectif de se serrer moindrement la ceinture. Si on est incapable de faire ça, on ne sera jamais capable de faire quoi que ce soit. Car détrompez-vous, il n’y aura jamais de bon moment pour réaliser des coupes budgétaires.
Par Davis Descôteaux, depuis Montréal, Québec.
L’annonce par le gouvernement Harper de coupures à venir dans les ministères énerve bien du monde. Pourtant, il n’y a pas de quoi fouetter un chat.
On parle de couper quatre à huit milliards $, étalé sur trois ans. C’est 5 % à 10 % du budget d’opération des ministères. Vous allez me faire croire qu’il n’y a pas au moins 5 % de gaspillage, ou de gains d’efficacité à faire, dans les ministères?
Surtout qu’une bonne partie de ces coupures seront plutôt des réductions de la croissance des dépenses… Rassurez-vous, on va dépenser encore plus. Seulement, un peu moins vite qu’avant.
La levée de boucliers des partis d’opposition et de certains médias en dit long sur notre refus collectif de se serrer moindrement la ceinture. Si on est incapable de faire ça, on ne sera jamais capable de faire quoi que ce soit. Car détrompez-vous, il n’y aura jamais de bon moment pour couper.
Une p’tite vite
Le plus drôle (ou décourageant), c’est qu’on semble oublier que le gouvernement conservateur nous en a passé une petite vite.
Corrigées pour l’inflation, les dépenses du gouvernement ont augmenté de près de 30 % depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs. Ottawa dépensait 188 milliards $ en 2006, et il prévoyait dépenser 248 milliards $ en 2010-2011. Oh, c’est à cause des plans de relance qui se terminent bientôt, direz-vous. Oui, les mesures de relance vont se terminer. Mais le niveau de dépenses, lui, reste. Le gouvernement haussera ses dépenses d’environ 2 % pendant les cinq prochaines années… par rapport au niveau de dépenses actuel! Autrement dit, le gouvernement n’a aucunement l’intention de revenir à son niveau de dépense d’AVANT ses plans de relance. Les Canadiens, sans trop s’en rendre compte, ont accepté un accroissement permanent des dépenses de l’État. Austérité? Soyons sérieux…
Le gouvernement conservateur a aussi pelleté 100 milliards $ sur la dette publique depuis son arrivée au pouvoir. Mais ça, c’est normal, j’imagine…
La moindre des choses
Selon le directeur parlementaire du budget, le déficit structurel — celui qui n’est pas attribuable aux aléas économiques — est d’au moins 10 milliards $ de plus par année, en moyenne, que ce que disent les chiffres du gouvernement. Donc, comme j’ai écrit dans une chronique précédente, éliminer quatre milliards $ de dépenses n’aurait rien de radical. Ce serait la moindre des choses. Et ça nous laisserait quand même avec un gouvernement plus gros et plus dépensier qu’avant la crise.
Les Européens ne sont pas en chômage à cause des mesures d’austérité de leurs gouvernements. Ils le sont à cause de l’endettement de leurs gouvernements au fil des ans, qui les force aujourd’hui à subir l’austérité.
C’est justement pourquoi il est logique d’améliorer l’efficacité de l’appareil gouvernemental maintenant, à petite dose, avant que ça nous arrive à nous aussi.
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