Paso Doble n°288 : Qui gagne, perd

Publié le 09 mars 2012 par Toreador

A las cinco de la manana…

Repentance & crucifixion

Cette semaine, Nicolas Sarkozy a opéré un complexe mouvement tournant, en deux étapes : la première a ressemblé à un très long acte de contrition ; la seconde a concerné son annonce d’aujourd’hui, à savoir son arrêt de la vie politique. Repentance et crucifixion.

Le coup est très subtil : toute l’argumentation du « candidat-sortant » sur son quinquennat passé a porté sur sa vie personnelle.  Son chemin de croix n’a pas connu de station sur ses choix politiques. La ligne de défense tient en une ligne : c’est parce que sa vie privée explosait en cette soirée de mai 2007 qu’il est allé dîner au Fouquet’s. 

Une fois cette explication campée dans le paysage, le Président a annoncé qu’il n’hésiterait pas à quitter la vie politique en cas de défaite.

l’Art de la guerre

Ses adversaires l’ont – à mon avis à tort – accusé de défaitisme. La réplique de Sarkozy n’a pas tardé, dévoilant le message caché derrière cette séquence inédite  : « c’est lorsque l’on croit ne pas pouvoir perdre, dans la vie professionnelle comme dans la vie personnelle, que l’on a déjà perdu ». 

En d’autres termes, Nicolas Sarkozy fait passer le message : en 2007, il se croyait invincible, et pensait l’amour de Cécilia éternel. Il l’a perdue. Il ne refera pas cette erreur en 2012 (sous entendu : il a changé). Son annonce de départ désarme les critiques et accentue la dramatisation de mai 2012, tout en montrant sa sérénité et en affirmant le fait qu’il ne court pas après les honneurs. Il renvoie l’inoxydable Hollande dans ses buts en l’enfermant dans son propre récit de 2007 – qui perd gagne.

Voilà une très jolie prise de judo politique, car le Fouquet’s cesse de devenir une marque d’infamie politique pour symboliser la détresse d’un homme. Sarkozy pousse même l’habileté à s’en servir comme arme pour justifier et crédibiliser sa propre mue. 

Shabadabada…

En conclusion,  on s’aperçoit que l’élection de 2007 fut un supplice personnel à la fois pour Sarkozy (qui y perdit Carla) et pour Royal (qui tenta de se venger de Hollande). Par un extraordinaire concours de circonstances, les deux candidats principaux ont connu un destin symétrique, victoire teintée d’amertume et défaite mêlée de saveur de revanche.

Cinq années ont passé et la malédiction joue ici son second round : Sarkozy exorcise 2012 avec 2007, en prenant à bras-le-corps le problème du Fouquet’s, et en faisant de Carla sa muse rédemptrice. Hollande joue le remake de 2007, cette fois-ci avec son ex-compagne et ex-rivale.

2007 fut le récit d’un double divorce, 2012 se pose en double-réconciliation. Quel scénario les électeurs vont-ils acheter ?

CarlaFouquet'sHollandeSarkozy 2007

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