Le blues est certainement l’un des genres musicaux qui ne cessera de fasciner. Résultant d’influences diverses et considéré pendant longtemps comme une musique d’esclaves afro-américains, il ne se réduit certainement pas à cela. Le blues a su évoluer pour s’étendre à d’autres thèmes et préoccupations de la vie, pour enfin voir s’épanouir en son sein des Blueswomen. En ce 8 mars, voilà 5 femmes qui ont marqué l’histoire du blues !
- Big Mama Thornton
Grande artiste à la voix majestueuse, elle a été une des pionnières de Blues pendant les années 50. 1952, elle enregistre son premier succès qui n’est autre que Hound Dog. La version la plus connue est celle d’un brillant jeune homme au charisme aussi grand que la frange et qui grâce à cette reprise éclatera aux yeux du monde quelques années plus tard. Mais, Willie Mae, de son vrai nom, est une femme fière. Elle aime le blues par dessus tout et ne daignera demander aucune reconnaissance de la part d’Elvis Presley.
En 1965, elle sort Ball’n’chain, en collaboration avec le guitariste de blues texan Sam Hopkins, qui fera immédiatement grand bruit. Mais l’histoire se répète et quelques temps après, c’est Janis Joplin qui reprendra son titre pour en faire un succès mondial et un tremplin pour sa carrière. Big Mama mourra à l’âge de 57 ans, pauvre, alcoolique, délaissée mais toujours aussi fière et humble.
- Koko Taylor
C’est à la fin des années 20 que Koko voit le jour à Memphis, Tennessee. Cette ville, berceau du blues, lui a permis de s’épanouir dans un environnement propice et d’ainsi côtoyer les plus grands noms de l’histoire du Blues dont BB King, Willie Nix, Howlin Wolf… pour ne citer qu’eux. Douée d’une voix extraordinaire, aussi rugueuse que puissante, elle ne se fera néanmoins connaitre qu’au Mississippi, grâce notamment au grand bluesman Willie Dixon qui lui fera enregistrer un titre écrit par lui-même : Wang Wang Doodle !
La carrière de Koko Taylor est ainsi lancée sur les chapeaux de roue. Il faut dire que sa voix hors pair, son charisme et sa présence sur scène, en sont pour beaucoup. Elle collabore avec les plus grands, enchaine les tournées internationales et n’hésite pas à reprendre Hoochie Coochie Man (I’m a man), titre culte du blues masculin de Muddy Waters et Bo Diddley notamment, dans une version plus féminine sous le titre de I’m a Woman. Surnommée Queen of the Blues, la longue carrière de Koko Taylor fut récompensée par plusieurs Grammy et Blues Music Awards.
- Janis Joplin
Que dire de Janis ? Elle restera pour moi toujours parfaite. Elle est morte jeune, fraiche et à l’apogée de sa courte carrière. On gardera le souvenir de sa chevelure blonde, de ses lunettes rondes de hippie, de ses accoutrements bizarres, bref de toutes ces choses qui ont fait d’elle une sorte de porte-étendard de l’esprit rebelle de l’époque. Mais plus que son style vestimentaire ou son comportement, c’est bien la musique de Janis qui marque les esprits. Après avoir sorti son premier album en 1965, ce n’est vraiment qu’au Monterey Pop Festival, avec son nouveau groupe du nom de Big Brother and the Holding Company (BBHC), que le monde découvre sa voix blues éraillée.
Ainsi grâce à la puissance de sa voix et l’explosivité de ses performances, Janis Joplin apporte une touche plus rock au blues de l’époque, gagnant au passage le surnom, entre autres, de The Queen of Rocking The Blues. En 1968, Cheap Thrills, son 2ème album, est un succès international grâce notamment à 2 singles qui restent jusqu’à nos jours les plus connus de Janis : Piece of my heart et Summertime. Pourtant, Janis va quitter BBHC pour former le Kozmic Blues Band afin justement de prendre un virage plus blues. Après un album qui n’a pas fait l’unanimité et une performance pas très convaincante à Woodstock, Janis sombre sous la pression et ses problèmes de drogue pour finalement être retrouvée sans vie en 1970, à l’âge de 27 ans…
- Aretha Franklin
Même si elle a un registre plus Soul et Gospel, Il aurait été insensé de ne pas inclure Aretha Franklin dans cet article, dans la mesure où son implication pour les droits civiques et les droits de la femme, a toujours été son cheval de bataille. Respect, écrit et composé par Otis Redding, a eu l’impact le plus important. Aretha a su reprendre en sa faveur l’identité de la chanson pour en faire un titre qui appelle au respect, à la dignité et à l’égalité des sexes. Difficile, jusqu’à nos jours, de penser à un titre qui combine autant d’éléments !
Il est à noter qu’Aretha, la native de Memphis, est l’une des rares artistes de Blues et Soul qui a su se préserver de l’usage de drogues. Fait qui lui a permis d’entretenir une longue et riche carrière, sortant pas moins d’une cinquantaine d’albums et raflant au passage 18 Grammy awards. Une légende qui, à 69 ans, sera bel et bien présente au Festival Mawazine 2012.
Today I sing the blues (1969)
- Etta James
Il y a à peine quelques semaines, le monde de la musique se réveillait à la tragique nouvelle de la mort d’une grande artiste. Etta James, cette chanteuse à la frêle physionomie mais au colossal talent, a rendu l’âme après nous avoir tant fait vibrer tout le long de sa belle carrière. Il serait pourtant difficile de classer Etta dans un style musical précis, tant elle s’est distinguée dans une multitude de genres. At Last, son premier album sorti en 1961, reste l’un des meilleurs albums de Soul et Rhythm and blues à ce jour et contrairement à la plupart des titres d’Etta, qui comprennent le plus souvent des cœurs brisés et des séparations difficiles, Tough Mary est un titre au ton espiègle, relatant l’histoire d’une femme assez… matérialiste.
Du Gospel au Jazz en passant par la soul, le Rhythm & Blues et le rock, Etta James s’est illustré dans tout ce qu’elle a fait. Jamais une artiste n’avait chevauché entre un si grand nombre d’influences avec autant de succès. Elle est restée active dans la vie musicale jusqu’à The Dreamer, sorti en Novembre 2011, qui sera son 28ème et dernier album. The Sky is Crying, standard du blues d’Elmore James, a été enregistré en 2004 parmi l’album Blues to The Bone. En y reprenant les plus grands succès du Blues, Etta James y a donc signé une sorte de retour aux sources.
Etudiant en Médecine aux goûts très éclectiques. J'ai pour principe de ne jamais dire non à de la bonne musique quelle que soit son origine.