Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais j’aime assez, regarder des émissions débiles à la télévision. Encore plus si le thème principal est censé être la « musique ». Pour vous faire une idée, j’ai même jeté un coup d’oeil au programme de W9 « Encore une chance », mais je l’ai très rapidement regretté – désolée Tigane.
L’autre jour, je suis tombée sur une image du plateau rouge flambant neuf de « The Voice » concept américain exporté en France par Endemol. Nous en avons tous plus ou moins entendu parler, étant donné la campagne de communication intensive lancée par TF1, la chaîne organisatrice. Pour ceux qui pas mégarde se trouvaient en Papouasie Nouvelle Guinée ces derniers mois, voici un petit résumé du concept de « The Voice. ».
Des candidats triés sur le volet se présentent face à un jury de quatre « professionnels » – nous reviendrons plus tard sur le terme. Rien de très original jusque là. La différence majeure, et qui crée en fait tout l’intérêt du concept, c’est que le jury caste les candidats de dos, et ceux-ci doivent ainsi normalement, fonder leur jugement uniquement sur une voix, et non sur un visage, une silhouette, une apparence. Le candidat a donc 1 minute et 30 secondes pour convaincre avec une chanson de son choix, accompagné par des musiciens en live, sinon dehors. Pendant ce court laps de temps, il se retrouve seul sur scène assez immense, face à quatre chaises imposantes, dignes de celle de Dark Sidious dans Star Wars. En gros c’est ça.
J’aime cette « nouvelle » manière de considérer un chanteur pour sa voix, et non pas pour sa capacité à cumuler le plus de compétences possibles, en danse, expressions corporelles, théâtre, tortillements des doigts de pieds et autres bêtises dans le genre. Puisque je suis carrément pour l’idée de juger un candidat seulement à l’écoute, j’étais ravie de regarder cette émission diffusée en prime-time le samedi – en replay bien sur, emploi du temps oblige. Mais, car il y a toujours un mais, quelques détails m’ont plutôt dérangés, et c’est ce dont je voulais vous parler maintenant.
- Soyons mauvais dès le début, on commence fort : la composition du jury. J’ai nommé Garou, Louis Bertignac, Jenifer et Florent Pagny. Très très très variétoch tout ça. Bon certes Garou ramène le côté international-anglophone, Louis Bertignac le côté rock, Florent Pagny le côté « lyrique » (ça me fait mal de mettre cet adjectif), et enfin Jenifer le côté … fille ? Une émission censée proposer un melting-pot de plusieurs styles musicaux, qui se réduit finalement à la variété française. Je passe mon tour.
- Le tri des candidats qui se présentent devant le jury. Et quel tri ! Avez-vous vu les heureux élus qui ont l’aimable autorisation de concourir ? Ils sont tous présentables, chantent tous bien, sont tous tirés à quatre épingles. Donc finalement nous devons en conclure, que The Voice sera un candidat casté par TF1-Endemol, respectant tous les critères nécessaires d’un « bon » candidat. Un candidat pas chiant, pas trop moche, qui s’exprime assez bien. Vive la diversité.
- Un jury quasiment inutile, dans la mesure ou 1 ou 2 candidats maximum ne trouvent pas de coachs qui les veulent dans leur équipe. Pour vous expliquer un peu, si membre du jury aime la voix qu’il entend, il a le droit de se retourner, et cet acte signifie qu’il souhaite coacher le candidat en question au sein de son équipe. Au final il y a quasiment aucun recalés, car les jurés n’ont que quelques primes pour composer leur groupe de 12 chanteurs. Endemol a dit oui, et le jury n’a pas le temps de dire non.
- L’objectivité du jury me pose problème. Aucun des candidats n’a reçu de critiques types Nouvelle Star, sans aller dans les extrêmes. Ils savent déjà tous chantés, ce qui n’est pas rien je vous l’accorde, et ce qui restreint considérablement le critiquable du critiqué (craquage désolée!). Mais certains chantent tellement plat que même Lorie met plus d’émotions quand elle chante « Toute Seule » avec un patte d’ef et un mini-haut. Donc selon le jury, tout ce qui leur est proposé est très bien interprété, très juste, très beau, très original. « On ne vous prend pas, mais sachez que ce que vous avez fait était pas loin d’être parfait ». Qu’on arrête ce manque de transparence, et qu’on dise ce qui n’allait pas, car tout le monde progresse. Basta.
- Quand je regardais l’émission je me suis demandé si toute la soirée allait être construite de la même manière. Et oui, c’était le cas. Le show était lentissime et répétitif : reportage candidat, il foule le tapis rouge de l’entrée, il parle de son expérience dans la chanson, sa famille stresse devant l’écran, et il chante, et après scène de retrouvailles, larmes ou gros smile. Cool une fois. Cool deux fois. Mais à la troisième reprise, et en comptant la publicité, ça devient carrément lourdingue.
- Je ne sais pas si vous avez vu les néons-lettres qui s’allument en bas du fauteuil Star Wars des jurés ? « JE VOUS VEUX ». On se croirait au milieu d’un marché aux légumes meet Wall Street. Celui qui parvient à choper le meilleur lot s’en sortira probablement le mieux. Les candidats deviennent des magnifiques bouts de viande, que les jurés s’arrachent afin de n’être pas trop à la bourre sur les autres. Mais surtout car au bout de quelques primes, les candidats c’est finito, on a épuisé le stock, donc faut pas faire son difficile et en choisir parmi ceux qui ont passé le test Endemol. Cela dit une fois que vous avez passé Endemol, je pense que c’est plus que faisable de se trouver un coach : il y a 48 places de disponibles …
Alors je dis OUI au concept du casting à l’aveugle, mais quant-est-il du CV nominatif ?
Non je déconne.
Plus sérieusement, certes les candidats qui passent au prime se font caster pour leur voix, mais ne me dîtes pas qu’Endemol a fait la même lorsqu’il fallait choisir parmi plusieurs milliers de voix ? Il n’est donc plus question de casting à l’aveugle. Tout le concept s’écroule. Plus de crédibilité.
Ca me dérange qu’un concept nouveau plutôt bon, ne soit exploité qu’en surface. C’est parti d’une bonne idée, pour finir en assez grosse daube télévisuelle. Bonsoir déception.