Sarkozy dans le poste, (Des Paroles et des actes), n'a pas fait l'exploit qu'il lui fallait pour tout bousculer et renouer avec les shadow électeurs du "sarkozysme honteux" (ils veulent piquer même ça au Front National ?). Le compte-rendu dans Mediapart est assez juste, je trouve :
On pourrait considérer l'exercice comme relativement réussi si l'on s'en tient à des standards pourtant devenus largement obsolètes. Après tout, le Sarkozy sortant n'a-t-il pas démontré :
- une pugnacité à toute épreuve, jusqu'au vindicatif
- une capacité à faire une fois de plus d'habiles mea-culpa [...]
- une stratégie de premier tour visant à rassembler droite et extrême droite (la lutte contre l'immigration en porte-étendard) ; et une stratégie de second tour annonçant l'élargissement au centre [...]
- [...]
- et enfin, une capacité à se battre pied à pied et par tous les moyens possibles (jusqu'aux plus inélégants) avec celui qui est considéré comme l'un des plus redoutables débatteurs de la gauche, Laurent Fabius.
Pour rester dans le pur commentaire télévisuel, retenons le premier et le dernier points : pugnacité et "capacité à se battre pied à pied avec" Fabius. En effet, Sarkozy n'a jamais pas été démonté, desarçonné, humilié ; il n'a jamais été à court de mots. Pourtant, ce n'est plus suffisant, et j'imagine que les sarkozystes convaincus (ils sont parmi nous, quand même un quart des électeurs, théoriquement) étaient contents, mais que le reste de la population n'a pas dû beaucoup s'émouvoir.
François Bonnet, dans le papier que j'ai cité, résume bien le problème : L'essentiel tient en une immense lassitude et une parole dévaluée. Au terme de dix années d'omniprésence médiatique, nous connaissons trop Nicolas Sarkozy.
Tout cela m'a fait pensé à une scène dans Tootsie (1982) avec Dustin Hoffman. J'ai cherché mais je ne le retrouve pas le clip. Ma narration va devoir suffire.
Hoffman, pas encore tranvesti, passe une audition, est rejeté et proteste.
- La lecture n'est pas la problème. Vous n'avez pas la bonne taille.
- Je suis trop petit ? Je mettrai des talonettes.
- Non, vous êtes trop grand.
- Ce n'est pas grave, j'ai déjà des talonettes. ( Hoffman commence à enlever sa chaussure.)
- Nous voulons quelqu'un de différent.
- Je peux être différent !
- Nous voulons quelqu'un d'autre.