Dans un des derniers billets, je me permettais de dire sans trop d'égards que je trouvais les couvertures anglaises d'Harry Potter pas belles du tout... Je maintiens mon opinion, quoique je trouve qu'avec le temps et l'évolution de la série elles s'améliorent. Les illustrateurs changent au fil de la série, ce qui ne joue pas en faveur de sa cohérence graphique, contrairement à l'édition française, par exemple, dont les sept tomes sont ornés de compositions de Jean-Claude Götting, comme Gilles nous le faisait remarquer il y a peu.
Si ces couvertures ne sont pas toutes très jolies, comparées à celles de Götting par exemple, elles sont néanmoins très intéressantes.
Le premier et le second tome représentent Harry Potter qui s'achemine vers Hogwart, la première année en train, la deuxième dans la voiture de la famille Weasley. Il est très intéressant de constater que le moment que l'illustrateur a choisi de représenter, à chaque fois, est celui dans lequel Harry passe du monde ordinaire au monde magique, à l'autre monde de Hogwart.
Choisir cet épisode précis de l'histoire n'est pas anodin: il permet de représenter, dans cet endroit symbolique qu'est la couverture du livre (la toute première page, qu'on doit tourner pour rentrer dans l'histoire), le passage du monde ordinaire au monde d'Hogwart (pour le personnage), le passage du monde réel à celui de la fiction (pour le lecteur).
L'identification du lecteur avec le héros est rendue d'autant plus sensible qu'il est invité, en couverture, à pénétrer de même que Harry Potter dans un monde fantastique où la magie est possible, etc.
Pour les illustrations des tomes suivants, j'aurais du mal à les commenter, vu que j'en suis encore au tout début du troisième tome... peut-être dans un prochain billet?
En tout cas, force est de constater qu'il y a une nette évolution stylistique du premier au dernier tome, qui va de pair avec l'évolution du lectorat. D'un trait relativement schématique, assez épais dans le premier tome, pour un public assez jeune, on passe progressivement à une composition beaucoup plus détaillée, au trait plus fin dans les derniers livres de la série.
Les traits du héros évoluent également beaucoup d'un livre à l'autre. Pour le tome 1, Harry Potter est encore un peu sans âge, conséquence d'une assez importante schématisation des traits. Mais pour le tome 2, on a droit à la représentation d'un enfant de 12 ans, dont les traits s'affermissent dans le tome 3, et pour les tomes 6 et 7 on a un adolescent de 17-18 ans, à la machoire beaucoup plus carrée, et les épaules plus charpentées. Dans le tome 5 (ci-dessous), on a pas droit à Harry Potter sur la couverture... seul exemple dans la série. Y-a-t'il une raison à cela? J'en saurais peut-être un peu plus quand j'aurais terminé la saga.
L'incohérence graphique de la série cache donc une évolution stylistique qui accompagne le lecteur dans la maturation de l'oeuvre, du personnage principal, et dans son propre murissement. On a souvent fait la remarque que le style et les thématiques de l'oeuvre évoluaient avec le personnage et avec le lecteur, il est intéressant de constater que les illustrations en font de même. La boucle est bouclée.
Il est amusant de constater que le service postal britannique a fait de toutes ces couvertures de l'édition anglaise une série de timbres de collection, le 17 juillet 2007, en hommage au succès des livres.
Il ne reste plus à J. K. Rowling qu'à autoriser l'existence d'éditions véritablement illustrées (un très beau projet ici), et le tour des possibilités d'exploitation culturelle sera fait, après les films, les produits dérivés des films, etc.
La suite ici, et la fin à cet endroit.