Un récent billet de Pierre Assouline m'a amené à découvrir une réalité particulièrement alarmante: on brûle des bibliothèques en France. En banlieue "bien sûr", et pas pour des raisons d'obscurantisme religieux, comme cet été avec l'affaire Pascal Quignard.
Et pourquoi, alors que la bibliothèque est l'un des rares lieux publics d'accès gratuit où la discrimination est en principe absente? Car bien qu'un visage inoffensif, la bibliothèque présente encore un visage, celui de l'institution et de l'Etat, de l'autorité qu'on regarde avec méfiance dès lors qu'elle n'intervient pas directement sur le bien-être matériel de l'individu. Ce rejet des bibliothèques coïncide également, au moins partiellement je pense, à un rejet vis-à-vis de la culture de l'écrit, qui semble d'autant plus étrangère aux adolescents qu'ils savent de moins en moins bien lire, et que la lecture est devenue une activité marginale, qui passe après le désir d'un travail, d'une voiture et d'une télévision.
Non que la population des banlieues soit contre la culture écrite, il n'y a pas d'obscurantisme de classe, c'est plus compliqué que ça. Mais elle est en attente d'autre chose de la part de l'institution. La situation est à l'image de la bibliothèque d'Alexandrie: on ne sait pas exactement pourquoi la bibliothèque a brûlé, mais on se bat pour que ça ne recommence pas.