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Tu seras violée ma fille

Publié le 08 mars 2012 par Juval @valerieCG

8 mars ; journée internationale des droits des femmes. Fleurissent les communiqués de presse débiles pour nous honorer, nous la femme, et les réflexions de type « trop débile cette journée, c’est tous les jours les droits de femmes » (sorties de la bouche de celles et ceux qui n’en parlent évidemment jamais).

Quand on naît avec un vagin, très vite on t’explique comment les choses vont se passer.

Si tu sors tard/avec ces mecs/en boite, il va t’arriver « quelque chose ». (et tu l’auras un peu cherché puisqu’on t’avait prévenu).

Ce quelque chose est assez simple ; un inconnu va violemment t’écarter les cuisses et te rentrer son pénis dans le vagin. Et toi tu grandis avec ca. Tu grandis avec l’idée que tu vas être violée.

C’est compliqué de faire comprendre ca. On va m’expliquer qu’il faut prévenir les filles ; on ne peut les laisser dans l’ignorance. Mais comment donc. Tout le monde a parfaitement intériorisé, admis, trouve normal que les femmes risquent d’être violées. C’est comme cela faisons avec. Et si ca t’arrive c’est pas faute d’avoir prévenu.

Dans l’espace public, un homme a beaucoup plus de risques d’être tué qu’une femme ; pourtant on ne va jamais lui souligner que s’il sort de chez lui, il risque de finir avec un couteau planté dans la plèvre.

Imaginez Messieurs que vous preniez un métro bondé et que vous ne sachiez pas si un mec ne va pas vous coller sa bite contre la cuisse.
Que vous passiez devant un lieu rempli d’hommes et que vous ne sachiez pas si on ne va pas vous aborder (mais on nous a vendu que c’est flatteur).

Le pire est que les femmes ont intériorisé cela. Certaines vont faire un détour de 300 mètres pour éviter un magasin dont le patron se fend de remarques salaces. Certaines vont participer aux blagues de cul, qui se jouent contre elles, en espérant que cela améliorera les choses. Certaines adoptent des stratégies dans le métro – je me colle contre la porte et je mets mon sac devant – pour éviter les agressions sexuelles (oui une main au cul n’est pas un impondérable mais une agression). Combien de femmes me lisent en pensant que j’exagère alors que ca leur ait arrivé  à toutes et que cela n’arrive à aucun mec ?

il y a deux jours, je sortais du restau et je vois 3 filles qui courent pour prendre le bus. Un mec de leur âge les interpelle « allez hop vite vite on court,on court, on se dépêche !  » . Ca n’était même pas antipathique, même pas méchant mais comment faire percevoir, y compris aux femmes qui me lisent, que nos actes n’ont pas à être commentés, analysés, décryptés en permanence dans l’espace public. JAMAIS une fille ne se serait adressée ainsi à un groupe de mecs qui court (on lui a appris qu’un groupe de mecs, ca peut poser des problèmes).

On vit dans un état de tension, plus ou moins intégré, plus ou moins géré.
Vous vous imaginez qu’une femme vous raccompagne chez vous parce qu’ »il pourrait arriver des choses ». Vous imaginez en France en 2012 ne pas avoir la liberté de ses mouvements parce qu’on te fait planer le risque du viol ?

Risque qui existe mais qui existe autant avec des proches qu’avec des inconnus.
Risque qui existe mais qui ne doit pas, jamais, empêcher une femme de faire ce qu’elle veut.

Vous imaginez ce que c’est de faire grandir des générations de femmes avec la peur ? Avec la culpabilité ? C’est ce qu’on fait. Mais pour leur bien. Toujours pour leur bien.


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