On remarquera au passage que Jason Cockcroft reprend ici le parti de représenter une créature volante, comme on en avait l'habitude depuis le 2e tome. Visiblement, le nec plus ultra du merveilleux selon les illustrateurs d'Harry Potter, c'est s'envoler... la vision du merveilleux ne semble pas avoir beaucoup changé depuis le Peter Pan de James Matthew Barrie. On remarquera le même dépassement du cadre de l'image que dans la couverture du tome précédent (et celle du 2e tome, incidemment), ici par le bout d'une aile de l'oiseau de feu. Jamais de dépassement de la bande inférieure: le but est de s'envoler, on vous dit.
Pourtant, une nouveauté intéressante, car il me semble signifiante: pour la première fois depuis le début de la série, on a affaire à une composition symétrique. Dans toutes les couvertures précédentes, on privilégiait une oblique plutôt que l'autre, alors qu'ici on a un cercle en position centrale (ou presque centrale, c'est je pense une question de découpage de l'image pour le montage de la couverture définitive) autour duquel s'organisent les trois figures... une en bas, une à gauche, une à droite. Pas de gros déséquilibre, malgré l'apparent chaos de la composition. Quelques pièces d'or voltigent en l'air, de chaque côté de l'entrée du caveau des Lestrange. On fera remarquer (si ma mémoire est bonne encore une fois, il faudrait peut-être vérifier) que J. K. Rowling, quand elle décrit la porte du caveau des Lestrange dans la banque de Gringotts, ne parle pas du tout d'un format rond, d'une entrée ronde.
Ceci semble être une invention de l'illustrateur, et même si après vérification du texte il s'avère que ce n'en est pas une, le choix de représenter cette porte ronde reste signifiant. Il signifie que c'est le dernier tome: l'histoire est finie, la boucle est bouclée, le tour de l'histoire a été parcouru, d'un bout à l'autre du cercle. Voldemort était mort (ou quasi-mort) au début du récit, il l'est définitivement à la fin: on a en quelque sorte un retour à la situation initiale, mais après un parcours houleux qui a amené de nombreuses morts, et un enfant à grandir. Fin d'une histoire à structure cyclique que vient par ailleurs souligner avec emphase (ou excès) le caractère symétrique de la composition, qui met un terme à la dissymétrie dynamique des autres couvertures. Il n'y aura pas de suite au 7e tome, le mouvement s'est "stabilisé", il s'est équilibré sans s'être toutefois arrêté: la vie continue pour Harry Potter et ses amis après la fin du 7e tome.
Ainsi, les couvertures des premier et dernier tome, à défaut d'être belles, sont du moins composées avec intelligence, ce qui est plutôt bien, vu qu'elles ornent des endroits symboliques de l'histoire: son entrée et sa sortie. Les couvertures des tomes intermédiaires sont, du point de vue iconographique, de qualité beaucoup plus hétéroclite, avec notamment un intrus (composition allégorique du 5e tome), et un manque de cohérence dans la série qui est peut-être dû au nombre important d'illustrateurs qui y a travaillé (4 en tout).
Dans l'ensemble donc (ton péremptoire et magistral), cette série de couvertures est un désastre esthétique, mais une bonne - bien qu'irrégulière et très relative - réussite iconographique.