On apprenait lundi qu’un rapport parlementaire a été remis au ministre de la Solidarité, Roselyne Bachelot, sur l’« hypersexualisation » des petites filles, qui se manifeste dans le maquillage, les vêtements, la participation à des concours de beauté dès l’âge de 6 ans…
Le débat que ce rapport provoque a donné lieu à une tribune du sociologue Michel Fize dans les colonnes du Figaro. Ce chercheur au CNRS commence par tenter de relativiser le phénomène en France, le jugeant peu important dans notre pays, comme si la rareté d’un phénomène en diminuait la gravité… C’est pourtant dans l’édition française du très influent magazine Vogue que des photos pour le moins dérangeantes de petites filles habillées et maquillées de manière très provocante avaient été diffusées. Ces photos, intitulées « Cadeaux », sont parues juste avant Noël 2010. La dernière ne laisse aucun doute quant au sens de « cadeaux » : la petite fille est placée au pied d’un sapin de Noël.
Mais le plus grave est que le sociologue impute la responsabilité de cette dérive non aux parents, aux enseignants ou aux premiers coupables, à savoir les publicitaires, mais à « la société », ce qui déresponsabilise tous les adultes notamment chargés de protéger les enfants de l’indécence. La seule re-moralisation du comportement des enfants passe en effet par une plus grande responsabilité des parents, mais aussi des professeurs, dans le domaine de l’éducation. Depuis que l’« école de la République » s’est substituée à l’éducation familiale, avec les fameuses lois Ferry de 1882, les parents ont été largement dessaisis de leur autorité. Mais aujourd’hui, ce sont également les professeurs qui sont déresponsabilisés, puisque ne disposant pas de l’autonomie nécessaire à ce qu’ils veillent à l’attitude de leurs élèves. C’est pourtant d’abord la famille, et dans un second temps l’école, qui peuvent protéger les enfants des profanations publicitaires. Au lieu d’accabler « la société », c’est-à-dire personne d’imputable, il faut redonner aux parents l’éducation de leurs enfants, quitte à admettre que certaines éduquent mieux leurs enfants que d’autres.
C’est le prix de la sauvegarde de la famille, et il semble bien moins onéreux que celui de laisser les enfants à la merci de gens prêts à souiller leur image pour faire du commerce.