Gérard Longuet, le ministre de la Défense a choisi, contre l’avis des militaires français, le drone Héron TP, importé d’Israël par Dassault, plus cher que son concurrent américain de 109 millions d’euros. Une différence de prix « injustifiée », selon des sénateurs.
Par Alain Mathieu, président de Contribuables Associés
Pour nos futurs achats de drones (avions sans pilotes), les responsables militaires français d’achats d’armements, l’amiral Guillaud, chef d’état-major des armées, et Laurent Collet-Billon, directeur général de l’armement, préféraient le drone américain Reaper au drone Héron TP, importé d’Israël par Dassault.
Gérard Longuet, le ministre de la Défense a pourtant choisi le second, plus cher de 109 millions d’euros. Une différence de prix « injustifiée », selon des sénateurs.
Les sénateurs Jean-Louis Carrère (PS), Jacques Gautier (UMP), Xavier Pintat (UMP), Daniel Reiner (PS) ont fourni l’explication de ce gaspillage dans un article qu’ils ont cosigné :
Le Héron TP est grand, lent et vulnérable. Il a été conçu pour évoluer au-dessus du territoire réduit d’Israël afin d’écouter et d’observer à ses frontières. Pour l’instant il n’est pas armé et ne pourra jamais emporter un armement polyvalent. Enfin, il est produit à moins d’une dizaine d’exemplaires et ne sera disponible au mieux que fin 2015.
Le drone américain Reaper a été produit à plus de 150 exemplaires. Il est conçu pour être armé, pour voler vite, pour marauder longtemps et donne satisfaction en Afghanistan et ailleurs depuis plusieurs années. Il est disponible dans des délais qui permettent d‘éviter un trou capacitaire à nos forces armées, c’est-à-dire fin 2013.
Sur la base d’une offre identique (sept drones, deux stations au sol) l’offre des sociétés IAI et Dassault atteint 318 millions d’euros, alors que l’offre américaine est à 209 millions. La différence : 109 millions (+ 52 %), n’est pas justifiée.
Pour le ministre de la Défense, la seule justification d’acheter Héron TP pourrait être de créer une filière industrielle nationale. Le Sénat y serait naturellement favorable, à condition que cela serve l’intérêt général et pas seulement ceux de l’industriel.
Or, cela fait déjà deux fois que la France achète des drones à la société IAI – le Hunter en 1997 et le Héron1 en 2001- sans qu’aucune filière nationale n’ait vu le jour en dépit des 380 millions d’euros investis par l’État et EADS.
La vérité est qu’il n’y a pas de place pour une filière purement nationale pour sept drones. Le Sénat a refusé l’autorisation budgétaire demandée.
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