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A l'intention de certains cadres de l'Azawad ...

Publié le 08 mars 2012 par Yasida

Mossa Ag Attaher

Quand l'injustice et l'errance tourmentent le peuple agité ...

Ma déception et ma gène sont profondes face à l'inertie de certains cadres de l'Azawad qui dans une illusion totale, pensent qu'il y a encore un service quelconque à rendre à l'Etat malien.

Ma déception s'est accentuée suite à une discussion que j'ai eu avec un ami mauritanien en marge des journées de la jeunesse maghrébine tenue les 26,27 et 28 Décembre 2011 auxquelles j'ai participé.

J'ai participé à ces journées pas en tant que malien mais en tant que azawadien partageant la même histoire avec la communauté du grand Maghreb, qui je rappelle de passage ne s'appelle plus Maghreb Arabe, mais Grand Maghreb.

Mon ami mauritanien a réagi suite à une longue discussion de deux heure sur l'avenir de l'azawad basée sur le type de solidarité que le peuple maghrébin peut-il apporter à son frère de l'Azawad dans le contexte actuel.

Il m'a écouté tout intéressé et à la fin, avec une effroyable franchise il me dit ceci : « Mossa, je te comprends, je suis sensible à votre situation, c'est injuste et le monde du 21ème siècle ne doit plus admettre un aussi grand cumul d'injustices... Cependant comment peux-tu m'expliquer la succession de visites de cadres azawadiens à Nouakchott auprès des autorités pour contredire toutes vos aspirations combien légitimes à mes yeux ! » Je garderai le reste de notre conversation pour moi.

La gorge nouée, la voix tremblante, les yeux froissés, j'ai senti mon sang et mon cœur battre à une vitesse à la limite de la crise cardiaque.

Je suis sûr que vous voyez cette chose que je peux ressentir : une chose qui s'appelle la culpabilité !

Et le pire c'est de se voir endosser la culpabilité des autres !

Ce n'est pas parce que j'ignorai que de telles pratiques existaient mais découvrir qu'elles ont atteint une envergure sous régionale m'a vraiment effrayé.

L'histoire des peuples a toujours retenu que les cadres sont l'ossature sur laquelle se repose l'espoir des couches sans voix. Malheureusement certains de nos cadres s'illustrent de plus en plus par une lamentable inertie et un marchandage honteux du sang de leurs frères tel un marchand de bétail dans une foire animale de chez nous !

Je comprends que la vie est régie par une série de règles et dont celles liées a l'intérêt occupent une place de choix.

Mais quel intérêt un azawadien, cadre de surcroît, peut-il gagner en incitant les autorités des pays voisins à ignorer la souffrance des siens, les pleurs de nos femmes, le désespoir de notre jeunesse, et l'incertitude de notre avenir ?

Je ne vois aucune réponse et n'essayez surtout pas de m'en donner s'il vous plait !

Pour revenir à mon ami mauritanien, je lui ai répondu le plus simplement du monde en ces termes en paraphrasant Seydou Badian Kouyaté : « l'avenir se chargera de leur faire savoir que le séjour dans l'eau, ne transformera jamais le tronc d'un arbre en crocodile. »

Doté d'une intelligence et d'une sagesse qui me complexa, mon ami mauritanien me prit par l'épaule et me rassura en me disant à nouveau : courage Mossa, l'avenir nous appartient à nous jeunes, laisse-les jouer leurs dernières cartes et salir la page qui leur revient dans le grand registre de l'histoire...

Hommes à l'appétit insatiable je vous laisse méditer la sage réponse que vous a réservé cet ami mauritanien loin de vous et qui garde une image lamentable de ce à quoi vous pouvez ressembler.

Quant à moi je vous dirai que Dieu m'en lave proprement les mains.

Jamais vous ne serez l'ossature sur laquelle se reposera l'espoir des couches sans voix malheureusement et cela est vraiment dommage !

Comment payerez-vous la dette que l'Azawad a envers vous ?

C'est sur son sable fin et doux que vous avez vu le jour, de son eau rare que vous vous êtes abreuvés, au lait chaud du sein de ses filles que vous avez été allaités.

Merci à vous qui me lisez, me permettant du coup d'extérioriser cette épine qui n'a pas arrêté de m'encombrer avant cet instant magnifique où j'ai pu l'écrire.

Par Mossa Ag Attaher

Sociologue


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