C'est qui le méchant ? C'est le musulman

Publié le 08 mars 2012 par La Bienveillante @Ema_Dellorto

Il fut un temps, peut-être tranquille, où les musulmans n'existaient pas. Des humains se tournaient vers la Mecque, étudiaient les versets du Coran, s'agenouillaient rituellement, n'aimaient pas le cochon, pensaient à Mahomet, ces choses qui ressemblent à ce que font les musulmans étaient faites, faites en France mais on n'aurait pas dit de ces gens qu'ils étaient des musulmans.

Cette sorte de personne, qu'on peut dire a posteriori le musulman, factuellement elle était peut-être là, à proximité, voisin-voisine, comme l'est un objet ou un élément de la nature, une roche, mais socialement, rien.

Je me souviens, à cette époque, des arabes. En France, il y avait des arabes mais y en a plus. Y a des musulmans.

Les arabes, désormais, ce n'est pas en Europe qu'on en trouve, si on pense « arabes », on voit plutôt des gens de la Méditerranée. Du mauvais côté de la Méditerranée, certainement, si les mers ont strictement des côtés.

Vous rétorquez : « Au moment auquel tu penses, les arabes n'étaient pas musulmans. Très peu, une minorité l'était (en France, songez-vous) ».

Maintenant, si. Les uns sont devenus les autres.

On plongerait dans l'histoire on se dirait que vous avez faux.

Qu'ils l'étaient sûrement tout autant.

Vous m'en voudriez de ce revers alors vous expliqueriez : « C'est eux. C'est les arabes ».

- « Qu'ont-ils fait encore, eux ? » Je vous dirais.

-  « Ça leur est venu, ils ont préféré qu'on dise musulman plutôt qu'arabe, on leur a complu ».

Vous pourriez même vous laisser à dire que des avions ont foncé sur des tours pour être bien compris de tout le monde mais j'ai cessé de vous écouter à ce stade.

En revanche, peut-être a-t-on si brillamment combattu le racisme, tout à fait, qu'on n'a plus pu dire « les arabes », car ça avait des relents.

Alors, comme la société a horreur du vide, elle leur a substitué « les musulmans », pourquoi pas, si on a une telle théorie de la société.

En tout cas, ça s'est fait.

...

C'est un peu idiot, parce que ça ne décrit pas très bien ceux-dont-on-ne-peut-pas-dire-qu'ils-sont-arabes, vu que la majorité des musulmans ne sont pas arabes.

75% des musulmans dans le monde n'ont rien à voir, mais rien, avec des arabes.

Ou alors, c'est formidablement malin.

Malin à la Bourdieu, Bourdieu et demi.

Comme si les mots servaient à prescrire et à dénoncer et non pas à décrire ni énoncer, a dit notre maître.

Car, nous, les athées, nous qui spécialement avons lutté avec brio contre le concept de race, ne sommes pas des grands fans de tout ce qui a trait à la religion.

Ca nous irrite, le poisson du vendredi.

Ainsi donc, à chaque fois qu'on entend « musulman », on ne peut s'empêcher de tiquer.

Once a bouffeur de curetons...

Ils, les vilains, nous ont piégés.

"La vérité, ils voulaient qu'ça", noterait Faudel. Si par nostalgie j'écrivais en écoutant Tellement n'brick.

Piégés, en nous imposant "musulmans", quand tout en eux hurle ARABES.

Ah elle est forte, la synecdoque !

Je ne vois qu'une chose à faire.