LES AILES DES PETITS ENFANTS
Enfants d'un jour, ô nouveaux nés,
Petites bouches, petits nez,
Petites lèvres demi-closes
Membres tremblants,
Si frais, si blancs,
Si roses.
Pour vos grands yeux effarouchés
Que sous vos draps blancs vous cachez,
Pour vos sourires, vos pleurs même,
Tout ce qu'en vous,
Etres si doux,
On aime !
C'est la voix de l'ange gardien,
Dormez, dormez, ne craignez rien,
Rêvez, sous ses ailes de neige,
Le beau jaloux
Vous berce et vous
Protège.
Vous êtes à toute maison
Ce que la fleur est au gazon,
Ce qu'au ciel est l'étoile blanche
Ce qu'un peu d'eau
Est au roseau
Qui penche.
Enfants d'un jour, ô nouveaux nés,
Pour le bonheur que vous donnez
A vous voir dormir dans vos langes
Espoir des nids
Soyez bénis !
Chers anges !
Lorsque sur vos chauds oreillers,
En souriant vous sommeillez,
Près de vous tout bas, ô merveille !
Une voix dit :
- Dors beau petit,
Je veille.
Enfants d'un jour, ô nouveaux nés,
Au Paradis, d'où vous venez.
Un léger fil d'or vous rattache
A ce fil d'or
Tient l'âme, encor(e)
Sans tache.
Mais vous avez de plus encor(e)
Ce que n'a pas l'étoile d'or,
Ce qui manque aux fleurs les plus belles :
Bonheur pour nous
Vous avez tous
Des ailes.
Alphonse Daudet
D'autres poèmes chez Sophie, Miss Hérisson, Capucine, Mango