Pau vaut-elle une alliance avec l’UMP ??? Telle est la question qui doit tarauder François Bayrou depuis son (semi) échec dimanche soir. Surtout que du côté de la rue La Boëtie, même si on tente de minimiser la gravité de situation en priant pour un sursaut des électeurs de droite au second tour, on fait les yeux doux à celui que l’on méprisait encore la veille.
Ainsi Patrick Devedjian, l’homme qui le 9 mars au soir osait quasi annoncer une victoire de l’UMP, se fait désormais un poil plus modeste : "mon souhait, c'est qu'il y ait une négociation avec le MoDem parce qu'effectivement, dans un certain nombre de villes, la position du MoDem est très importante et peut décider du résultat". Ce qui fait justement dire à François Hollande que "l'UMP doit être dans une situation bien difficile pour appeler le MoDem"… alors même que Ségolène Royal demande elle aussi une alliance avec le parti de François Bayrou. Dans le même temps, Jean-Pierre Raffarin, l’autre demi dirigeant de l’UMP ajoute : "je suis prêt à soutenir François Bayrou pour bien montrer qu'au fond l'allié naturel du centre dans ce pays c'est l'UMP et sa stratégie d'ouverture". Idem pour François Fillon qui va encore plus loin dans la surenchère (après ça, cela va devenir difficile de dire que l'UMP n'a pas peur du second tour...) : "je dis que si les responsables du MoDem acceptent de soutenir les listes qui sont celles de la majorité présidentielle, naturellement nous soutiendrons les candidats du MoDem qui sont en position de se maintenir et d'être soutenus par notre majorité"... y compris et notamment à Pau.
François Bayrou a beau mettre en avant une nouvelle fois sur son ni droite ni gauche (bien au contraire) en assurant que des accords ne seront conclus que "ville par ville, candidat par candidat", pas besoin de chercher bien loin pour comprendre que cela veut dire se vendre au candidat qui localement a le plus de chances de l’emporter le 16 mars, à savoir dans de nombreuses villes, la gauche… La preuve par l’exemple : à Paris, le MoDem, en la personne de Marielle de Sarnez (qui a réussi l’exploit dimanche sur les plateaux de télés de passer pour la seule véritable représentante de l’opposition à l’UMP) ne se voit pas monter dans le corbillard électoral conduit par Françoise Panafieu. Au contraire, elle fait des appels du pied plus qu’insistants à Bertrand Delanoë. Mais quitte à se fader des alliés encombrants, le maire de Paris préfère se (re)taper les Verts qu'il connait et qu'il a su museler depuis sept ans.
Comme tout cela fleure bon du côté du MoDem les jeux d’appareil des partis charnières des 3e et 4e Républiques, symboles de la plus basse des pratiques purement politiciennes dépourvues de la moindre once de conviction…
Seule bonne nouvelle au milieu de cette déplorable situation, les grands cocus de cette farce sordide risquent bien de se trouver du côté du Nouveau centre. Après avoir vendu leur âme pour quelques maroquins, Hervé Morin et ses amis s’apprêtent à avaler une couleuvre démesurée : voir l’UMP quémander à genoux le soutien du MoDem. Ce qui fait dire à François Sauvadet que "la danse du ventre devant le MoDem à laquelle se livrent un certain nombre de dirigeants de l'UMP, à commencer par la candidate UMP dans la capitale est ridicule et totalement inefficace", avant de rappeler que contrairement à eux, ralliés (collaborateurs ???) de la première heure, "François Bayrou a fait clairement le choix de l'opposition".
En plus de se sentir trahi (chacun son tour…), le NC doit surtout commencer à réaliser (mieux vaut tard que jamais) qu’aux yeux de l’UMP, il n’est que quantité négligeable et que le MoDem représente une force d’appoint nettement plus intéressante…