Si j’ai intitulé ce billet ainsi, c’est que malgré le peu de temps passé sur la 2, j’ai tout de même pu me rendre compte de l’acharnement avec lequel le président/candidat s’évertue à n’avoir rien compris, se refusant à toute remise en question sur son bilan comme sur l’orientation de sa campagne, alors qu’elle va tellement droit dans le mur que même son entourage s’en inquiète. Nier l’extrême-droitisation de son positionnement, par exemple, est un déni de réalité. Seule une confiance aveugle en un conseiller à l’influence idéologique négative peut l’expliquer. Comme les Le Pen, Monsieur Buisson doit penser qu’il sait lui plus que tout autre ce que le peuple français attend du futur président. Ces « petites gens » avec lesquels le candidat de cette droite là (que plus grand chose ne distingue du FN) voudrait bien renouer, sont en effet son seul rempart contre une défaite annoncée.
Le seul problème, c’est que cette vision est tronquée : le peuple français est certainement plus généreux et ouvert que ce que ces gens là en imaginent. Cette France xénophobe et repliée sur ses fantasmes identitaires n’est qu’une minorité, alors qu’ils en font un focus politique. Leur fantasme populiste qui se nourrit exclusivement de viande certifiée non halal, qui s’attache comme un vieux grigou à son petit lopin de terre grillagé, qui va à la messe tous les dimanche matin en tremblant qu’un jeune voyou au teint idéalement basané sur un scooter volé ne les agresse, et qui ne trouve rien à redire contre la rémunération indécente des joueurs de foot a vécu ce que vivent les roses. Dont le parfum est un peu plus respirable, soit dit en passant.
Un autre peuple est possible, qui veut prendre son destin en main, qui espère une rupture avec ce monde dont le profit est le seul moteur, et qui apprécie qu’on ne lui parle pas comme à un abruti, mais comme à un être doué de raison, de sentiments, qui s’informe, qui veut plus de sens, de responsabilité écologique et d’humanité dans les discours qu’on lui sert. Et le projet de société qu’on lui vend. Et le problème est bien là : celui de Sarkozy est tout pourri. Plus personne n’en veut, hormis une infime minorité qui s’en est déjà suffisamment gavé comme cela. Il est temps de passer à autre chose. Plus que 46 jours…
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¹ Ceci écrit, j’ai tout de même jeté un petit coup d’œil de temps en temps pour voir si Fabius venant, ça serait plus stimulant… Mais non : l’échange fut tellement technocratique qu’insignifiant pour la plupart d’entre nous.