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Le contre-effet Sarkozy peut-il profiter à Bayrou ou Le Pen ?

Publié le 07 mars 2012 par Cahier

Malgré les efforts de certains médias, sur la foi de certains sondages, pour tenter de faire croire à une relance du match du premier tour de la présidentielle – comme nous l’évoquions ici la semaine dernière – l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy n’a pas produit les résultats escomptés par le Président de la République. L’ensemble des enquêtes d’opinion publiées depuis huit jours montrent même qu’un contre-effet semble se dessiner, sous la forme d’une confirmation d’intentions de vote très largement favorables à François Hollande.

Droite contre Gauche ? Non. Stop ou encore…

Tout se passe, en réalité, comme si l’enjeu de la présidentielle s’était cristallisé dans l’opinion autour d’un sujet essentiel : faut-il ou non continuer avec Nicolas Sarkozy ? L’étonnante stabilité et unanimité des sondages, tout à fait inédite dans l’histoire de l’élection présidentielle, s’expliquerait par le fait que la campagne électorale elle-même ne semble avoir que peu d’effets sur les intentions de vote des citoyens. La faiblesse persistante de la popularité du chef de l’Etat comme son déficit de crédibilité économique face à son principal challenger constitueraient finalement le thermomètre le plus sûr pour mesurer son rejet dans l’opinion et sa difficulté à convaincre les Français de lui confier un second mandat.

De ce point de vue, le choix de François Hollande de mener une campagne sans éclat et sans surprise constitue une réponse stratégique logique. Sauf événement imprévisible, ou faute inattendue de son camp, le résultat du 6 mai ne ferait plus guère de doute. Le pari du favori de la présidentielle consiste donc à jouer la montre, au risque de paraître pusillanime voire ennuyeux. C’est ce qui explique en partie le sentiment majoritaire dans l’opinion selon lequel le débat présidentiel, pour 65 % des Français, serait « peu ou pas du tout intéressant ».

L’incompréhensible stratégie de campagne de Sarkozy

Conscient de son déficit d’image dans l’opinion et de son retard dans les sondages d’intentions de vote, Nicolas Sarkozy a choisi une stratégie de challenger agressive et clivante pour tenter de consolider son socle électoral et de refaire son handicap. Ce faisant, il tente de rééditer l’opération de séduction des électeurs du Front National qui lui avait si bien réussi en 2007. La différence, c’est qu’à l’époque, il était le candidat de la rupture et du renouveau de la droite après le mandat immobile de Jacques Chirac. Il est aujourd’hui le Président de la République sortant. Ce qui change tout.

Dès lors, tous les attributs négatifs liés à son bilan – et notamment sa propension à traiter les dossiers et les sujets difficiles en opposant telle et telle catégorie de Français – sont soudain remis en lumière sur la scène électorale. La fatigue des citoyens, qui aspirent en temps de crise à moins de conflit et à plus de consensus, risque ainsi de leur faire oublier les attributs positifs qu’ils reconnaissent au Président sortant. Sa conduite des affaires européennes et internationales, face à la violence de la crise financière, a toujours été saluée par l’opinion. Il est donc difficilement compréhensible que Nicolas Sarkozy n’ait pas décidé de construire sa campagne sur ce capital accumulé, qui conduisait logiquement à se présenter avant tout en protecteur et rassembleur du pays face aux risques du changement.

François Bayrou et Marine Le Pen à l’affût

Le contre-effet Sarkozy peut cependant profiter à deux autres candidats qui postulent à la qualification pour le deuxième tour de la présidentielle : François Bayrou et Marine Le Pen. Celle-ci, après tout, peut faire valoir aux électeurs que, quitte à se reconnaître dans des valeurs très à droite, mieux vaut voter pour l’original que pour la copie. Son haut niveau dans les sondages reste sans équivalent pour le Front National dans une campagne présidentielle. Elle pourrait escompter qu’un sentiment d’échec annoncé pour Nicolas Sarkozy déporte vers elle une partie de son électorat potentiel.

De la même façon, François Bayrou, qui peine jusqu’à présent à renouveler sa performance d’il y a cinq ans, pourrait nourrir un secret espoir. Devant l’impuissance du Président sortant à mettre en doute l’hypothèse d’une victoire de François Hollande, il deviendrait soudain un recours possible face au candidat socialiste. A l’inverse de 2007, où il avait réussi à séduire une partie des électeurs de gauche s’interrogeant sur la capacité de Ségolène Royal à battre Nicolas Sarkozy, il serait cette fois le candidat refuge pour toutes celles et ceux s’interrogeant sur la capacité de la gauche à sortir le pays de la crise.


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