Après Vueling, qui connaît un essor remarquable, voici qu’apparaît à Barcelone une nouvelle venue, Volotea. Ses créateurs, Carlos Munoz et Lazaro Ros, sont d’ailleurs les fondateurs de Vueling, apparemment en quête de nouveaux défis.
Ils ont choisi un créneau bien circonscrit, la desserte à petits prix de villes moyennes qui sont négligées par les ténors du transport aérien. Et, pour leur flotte, ils ont opté pour des Boeing 717 (ex-McDonnell Douglas MD-95), probablement acquis à vil prix, mais qui bénéficient d’une bonne réputation technique et opérationnelle.
Ce choix est intéressant. Il est diamétralement opposé à la manière de faire des low cost «classiques», lesquelles préfèrent habituellement acheter ou acquérir en location bail des avions neufs des familles Airbus A320 ou Boeing 737. Dans le cas présent, ce ne peut évidemment constituer qu’une formule provisoire, les coûts d’exploitation du 717 étant nettement supérieurs à ceux d’avions de conception plus récente et dotés de moteurs de nouvelle génération.
Première cible commerciale de Volotea, Venise. L’aéroport Marco Polo, grâce au nouvel intervenant espagnol, va être promise à un rôle de vraie plate-forme européenne. A partir du mois d’avril, Volotea va y ouvrir 14 puis 24 lignes à l’image de la déréglementation européenne, tellement ancrée dans les habitudes qu’on ne la remarque plus.
Qui plus est, la nouvelle compagnie espagnole entend bien s’arroger une part importante du trafic intérieur italien en desservant Brindisi, Cagliari, Olbia, Palerme et Reggio Calabria. En choisissant cette option, elle va se heurter à Air One, filiale d’Alitalia. De quoi réjouir les consommateurs, un bras de fer entre low cost ne pouvant que leur être favorable. Et, comme il s’agit de desservir des villes moyennes, a priori aucune difficulté particulière ne risque de se présenter en matière de disponibilité de créneaux de décollage et d’atterrissage. Les autorités vénitiennes sont évidemment aux anges.
Volotea s’appuie sur un montage financier apparemment solide, trois fonds d’investissement s’étant entendus pour lui permettre de démarrer dans de bonnes conditions. Le premier, CCMP Capital Advisors, est anglo-américain et de création récente. Les deux autres sont espagnols, Axis Participaciones Empresariales et Corpfin Capital.
Le modèle économique retenu semble peu original : structures simples, coûts d’exploitation aussi bas que possible, tarifs inférieurs de 50% à ceux pratiqués ailleurs mais, curieusement, volonté affichée d’assurer un service de qualité aux passagers. Ce qui demandera à être précisé.
Les villes moyennes européennes, dans l’acception Volotea de l’expression, sont au nombre de 70 et constituent un potentiel de 500 lignes, affirme Carlos Munoz. C’est plus que suffisant, semble-t-il, pour imaginer un avenir prometteur.
En France, c’est Bordeaux qui bénéficiera la première de l’arrivée du nouveau venu espagnol avec trois vols hebdomadaires vers Venise. Le tarif, prix d’appel bien entendu, sera de 19 euros, taxes incluses. Ce pourrait être l’annonce d’une belle empoignade bien dans son époque.
Pierre Sparaco - AeroMorning